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MAMIE-SITTING

À Dublin, Edward, un romancier introverti au grand cœur, touche enfin du doigt le succès. Mais alors qu’une prestigieuse tournée promotionnelle se profile, il doit s’occuper, le temps d’un week-end, de quatre femmes âgées hautes en couleur – dont sa propre mère. Entre situations improbables et révélations émouvantes, cette cohabitation imprévue pourrait bien changer leur vie.

Critique du film

« Elles sont pénibles », confesse Edward à sa mère Alma. Le « elles » désigne les trois septuagénaires venues passer quelques jours dans la maison d’Alma, le temps que leurs fils respectifs participent à la gay Pride de Maspolamas, en Espagne. C’est ainsi qu’Edward se retrouve à devoir gérer quatre grands-mères, toutes relativement exigeantes et hautes en couleur. Alors qu’il est censé faire la promotion de son livre, ce mamie-sitting lui tombe dessus au pire moment possible. L’écrivain solitaire, au sourire timide et au visage de nounours, doit donc passer le film à concilier ses obligations personnelles et professionnelles. 

C’est un scénario éminemment personnel pour les frères Thornton (Darren, réalisateur et scénariste, et Colin, scénariste). En 2016, tandis que leur premier film A Date for Mad Mary allait sortir en salles, leur mère a été diagnostiquée d’une maladie dégénérative. Les deux fils ont alors décidé de retourner auprès d’elle pour lui apporter tout le soutien dont elle avait besoin. Dans le film comme dans la réalité, la mère a perdu sa voix et est contrainte de s’exprimer grâce à l’aide d’une tablette. De nombreuses scènes humoristiques dans le film viennent justement des réponses acerbes et incisives d’Alma, elle qui n’hésite pas à se montrer désagréable alors que son fils se démène tant bien que mal pour rendre la cohabitation avec les trois autres femmes la plus agréable possible. 

Mamie sitting

La perte de la voix d’Alma fait écho à l’infusibilité de la parole d’Edward qui dit oui à toutes les requêtes et rencontre les plus grandes difficultés du monde à s’imposer face aux autres. Si le film s’amuse à tirailler l’écrivain entre ses différents devoirs, le résultat n’est jamais pleinement probant. On se retrouve souvent avec la même situation : Edward qui accomplit ses tâches dans sa voiture ou dans un bus, sans plus d’inconvénients que cela. Ces situations sont parfois peu cohérentes à cause du personnage d’Alma qui, tout en reconnaissant la charge de travail importante de son fils, n’hésite pas à monopoliser son attention.

Si le sujet n’est évoqué que furtivement au détour d’une séance chaotique chez une voyante, on comprend très rapidement à mesure que le récit avance qu’Edward se plie autant aux volontés de sa mère pour pallier l’absence des hommes de la génération de son père qui étaient des acteurs du foyer démissionnaires. D’ailleurs, une des seules fois où Edward haussera le ton sur Alma survient quand celle-ci le compare à son géniteur, car tous les deux sont des « tordus » qui aiment la solitude. Ainsi, une exploration plus prononcée de la psyché de son protagoniste aurait pu effacer l’aspect timoré de Mamie-sitting

Enfin, si le livre d’Edward dépeint un premier amour, l’orientation sexuelle de ses personnages n’est pas présentée comme un facteur déterminant, ce n’est pas le cas des hommes gays du film. Montrer des homosexuels à la trentaine bien tassée était une excellente idée car cela aurait permis au film de s’écarter des clichés. Là-aussi, ce sujet n’est presque qu’un prétexte pour déplier un humour potache sans grande originalité. C’est dommage car, à rester trop en surface, le film ne profite pas pleinement de la sincérité de son scénario. 

Bande-annonce