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LES TOURNESOLS SAUVAGES

À Barcelone, Julia, 22 ans, élevant seule ses deux enfants, rêve de liberté et d’émancipation. Comme un tournesol suivant sans relâche la lumière, elle part chercher le soleil sous d’autres horizons. Lorsque le hasard remet sur son chemin deux hommes qu’elle a connus par le passé, la voilà confrontée à des émotions contraires.

CRITIQUE DU FILM 

Si le titre Les tournesols sauvages évoque une fantaisie bucolique, le film de Jaime Rosales s’ancre pourtant dans le réel. Pour son septième long-métrage, le cinéaste barcelonais s’est inspiré d’un reportage photographique retraçant la vie d’une jeune femme américaine, mère de deux enfants, à travers trois de ses relations amoureuses. Souvent comparé à Michael Haneke pour sa manière d’installer une tension sourde ponctuée de violence, comme dans son premier film Les heures du jour (2004), le réalisateur laisse place à l’espoir dans Les tournesols sauvages

Julia en trois chapitres 

Alors que deux enfants jouent sur une plage de Barcelone, la caméra s’approche d’une jeune femme prenant un bain de soleil en consultant son téléphone, amusée. Dès cette scène d’ouverture symbolique, intensifiée par la musique de Nicolas Tsabertidis, on peut comprendre que la trajectoire de Julia sera guidée par le soleil. À 22 ans, la jeune femme élève seule ses deux jeunes enfants tout en se cherchant, peinant à concilier son rôle de mère et son désir de faire des études d’infirmière. 

Nommée au Goya 2023 de la Meilleure actrice, Anna Castillo incarne à la perfection  l’héroïne solaire et attachante que nous présente Jaime Rosales. Julia ne cesse de surmonter les épreuves de la vie pour tenter de s’offrir la vie dont elle rêve pour elle et pour ses deux enfants. Le soleil de Julia, c’est l’idéal masculin qu’elle cherche dans les hommes qu’elle rencontre. Un père pour ses enfants, un partenaire de vie. S’il est intéressant de mettre en avant l’importance du lien dans la vie d’une femme à travers ses relations amoureuses, le parti-pris formel du film ne nous permet pas réellement connaître le personnage de Julia pour ce qu’elle est vraiment. En effet, divisé en trois chapitres, le film est rythmé par les relations amoureuses de Julia à trois moments distincts de sa vie. Trois hommes, Oscar, Marcos et Alex, vont, à la manière du soleil, influencer sa trajectoire. 

les tournesols sauvages

Portrait elliptique

Le portrait féminin que nous propose Jaime Rosales effleure l’intime, tout en restant à distance du spectateur. On regarde Julia faire face à des épreuves difficiles, notamment l’emprise et la violence conjugale qu’elle fuit sans se retourner, pourtant on ne saisit jamais vraiment son état d’esprit et ses propres désirs. Paradoxalement, alors que le film est construit autour des trois relations amoureuses, les moments où l’on voit Julia pour ce qu’elle est vraiment sont ceux où elle interagit avec sa famille. 

Cette ambivalence entre l’intime et le superficiel est accentuée par les ellipses qui ponctuent le récit. Les Tournesols sauvages ne se contente pas d’être une chronique linéaire du temps qui passe, mais rompt plutôt son rythme, comme pour empêcher le spectateur de mieux connaître Julia et de prévoir sa trajectoire. D’autre part, les ellipses donnent une autre perspective aux relations amoureuses qui divisent le récit : là où l’on s’attarde sur les prémices de la relation dans la première partie, on aborde presque directement le fait de fonder une famille dans la troisième partie. Les trois hommes s’incarnent finalement en une seule et même finalité : le parcours de vie de Julia et sa volonté de toucher du doigt le bonheur.  

Dans Les tournesols sauvages, nous naviguons à travers les états d’âmes de Julia, au gré de ses relations amoureuses. Si sa quête d’idéal offre une perspective originale en refusant la linéarité, on regrette de ne pas pouvoir connaître pleinement cette héroïne lumineuse. 

Bande-annonce

2 août 2023De Jaime Rosales, avec Anna CastilloOriol PlaQuim Ávila




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