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LA VIE EST BELLE

La veille de Noël, George Bailey, businessman ruiné, s’apprête à se jeter d’un pont, mais un ange gardien apparaît et tente de l’aider en lui faisant voir le film de son existence, et la façon dont la vie de beaucoup d’autres eût été transformée s’il n’avait pas existé.

Critique du film

Les films diffusés à la télévision américaine lors de la période de Noël sont nombreux. Les films dont l’histoire traverse simplement Noël pour conter quelque chose d’autre, quant à eux, sont rares. Pour un film devenu culte avec le temps, difficile de ne pas tomber dans le manichéisme de l’adoration d’un côté et du rejet total de l’autre, louant sa magie et sa beauté, ou critiquant sa naïveté simpliste et son manque de crédibilité. 

La vie est belle joue suivant les règles d’un concept scénaristique très apprécié au cinéma. Chaque séquence du film porte la marque du souvenir de son commencement. Il n’est pas rare, en ce cas, de parvenir à garder le spectateur captif car désirant comprendre ce qu’on lui a montré en coup de vent. La joie et la bonne humeur succèdent à une ouverture inquiétante où des voix formulent une série de prières, satisfaisant notre nature curieuse et avide du pire. Les pensées fusent. Le rythme du film prend tout son sens dans cet entrelacs de flashbacks qui nous place en position de devins. Nous sommes du côté des étoiles, discutant entre elles afin de décider lequel des anges devra descendre sur Terre pour venir en aide au malheureux.

INTERVENTION DU CIEL : LA THERAPIE

Comment passe-t-on du petit enfant qui est prêt à risquer sa vie pour sauver son frère, à l’adulte qui s’abandonne au désespoir, incapable de se sauver lui-même ? Du caractère espiègle de l’enfant, l’homme passe à la ruse inconsciente et consciente. James Stewart possède à la fois dans son jeu cette candeur de l’enfance, et une sombre insolence.

Psychothérapeute improvisé, l’ange Clarence (Henry Travers) n’a d’autre choix que d’apaiser l’anxiété de George dans le but de gagner une paire d’ailes et devenir un ange à part entière. Mais c’est de l’homme à part entière dont souhaite parler le film, de ce qui l’élève humainement, et des bassesses qui le détruisent. Ainsi l’argent comme centre névralgique d’un conte de Noël aura bien du mal de se défaire du jugement virulent de la part du public, cependant les choses matérielles touchent hélas les mortels. L’humour subtil dont fait preuve Capra suffira à ravir les poètes et les âmes sensibles. George is a good guy, give him a break, God.

L’apparente simplicité de caractérisation de ses personnages lui aura également valu quelques critiques, or ce ne sont pas nécessairement les histoires complexes qui font les films mémorables, mais bien les histoires touchantes, dont on ressort doucement chamboulé. La fantaisie dont Capra fait usage peut paraître mièvre par moments, ou trop peu nuancée pour justifier le passage soudain de son héros dans un comportement suicidaire, mais la force du maintien de son histoire tient sans doute dans le rôle de l’ange, qui, pour gagner ses ailes, accompagne le commun des mortels, et nous pose à la fin cette question ingénue : qui suis-je, et qu’ai-je fait de bon jusqu’à présent dans cette vie ?


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