pulse

PULSE

Elina, une jeune rappeuse en herbe de 17 ans, est contrainte de quitter son pays natal, la Finlande, lorsque sa mère décide de rejoindre son petit ami sur la Côte d’Azur. Elina est tout de suite fascinée par sa nouvelle sœur par alliance de 18 ans, Sofia, une ballerine très charismatique qui mène une double vie faite de soirées, de garçons et de drogues. Mais cette amitié apparente se transforme vite en jeu de pouvoir aux conséquences toxiques…

Critique du film

Drogues, rap, premières amoures, famille recomposée… Les ingrédients, comme le laisse sous-entendre le titre français du film, semblaient réunis pour explorer les pulsions adolescentes et les dynamiques parfois compliquées qui peuvent se créer à cet âge-là. Néanmoins, dès les premières minutes du film, on décroche : tissus narratif trop lâche ou expéditif, l’alchimie entre Elina et sa demi-sœur ballerine, Sofia (ici interprétée par la fille de Mathieu Kassovitz), ne convainc pas malgré une esthétique soignée. Aino Suni filme les riches demeures de la Côte d’Azur et leur luxe parfois ostentatoire en essayant d’y insuffler un esprit décadent, mais ses ambitions porno chic tombent un peu à plat : les adolescents qu’elle y place s’y insèrent mal, tandis que les adultes en sont étrangement absents. Terrasses pleines de statues, lustres, lits à baldaquins éclairés de néons : on a plus l’impression de regarder un clip caricatural qu’un long métrage.

Malgré quelques beaux moments de vulnérabilité, Carmen Kassovitz, en danseuse friande de MD, peine à incarner la froideur affectée d’une jeune femme sous influence. Pour sa défense, les dialogues téléphonés n’aident pas (“Marc, c’est juste un plan cul. J’ai pas envie de me poser. J’y crois pas. Tu peux pas posséder quelqu’un, c’est pas possible” lâche son personnage, très premier degré). De son côté, Elsi Sloan reste peu convaincant.e en adolescent.e tourmenté.e et inquiétant.e, et ne semble pas réussir à faire autre chose que regarder intensément la caméra par-dessous. Son rap amoureux, loin d’électriser, laisse mal à l’aise ; impossible de prendre les prétentions artistiques des deux héro.ïne.s au sérieux. Aino Suni semble ainsi écartelée entre ses ambitions de thriller trash et son incapacité à efficacement mettre en scène la dangerosité à laquelle elle aspire.

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Dommage, car l’intrigue, dans sa noirceur sans borne, avait pourtant le mérite de ne reculer devant rien. La cruauté et la manipulation dont use Elina pour parvenir à ses fins auraient suffi à tenir en haleine si la dimension psychologique des personnages avait été plus soignée… Malheureusement, à la différence d’autres films sur le sujet, comme le très réussi Respire de Mélanie Laurent, l’emprise ne prend pas. Les thématiques abordées, notamment celle du « revenge porn », sont loin d’être inintéressantes, mais la réalisatrice n’en tire finalement pas grand chose. On reste jusqu’au bout pour savoir comment se terminera cette sombre affaire et assister à l’explosion en plein vol de la relation entre Elina et Sofia ; mais la fin est elle aussi tristement décevante, puisque le film passe sous silence ce qui aurait peut être été le plus intéressant à voir, et nous laisse en suspens avec une conclusion ouverte moins trouble qu’il n’y paraît. Pour le thriller érotico-queer de l’année, on repassera.

Bande-annonce

22 février 2023 – D’Aino Suni, avec Elsi Sloan, Carmen Kassovitz et Lucille Guillaume.




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