hurlements

HURLEMENTS

Une série de meurtres effroyables terrorise la population de Los Angeles. Une jeune journaliste de télévision mène sa propre enquête.

Critique du film

Deux films en un. Joe Dante s’autorise une ouverture longue, qui occupe un bon tiers du film, pour emmener son héroïne jusqu’aux hurlements du titre. Deux films, ou plutôt deux genres. Plutôt que film de monstres, l’ouverture verse dans le policier sombre et poisseux. Une présentatrice de télévision est aux prises avec son « stalker ». Sa chaîne décide d’en faire un évènement et de le mettre en scène, au mépris de la sécurité. La virée dans les bas-fonds, les sex-shops et la nuit d’une grande ville fait penser à Cruising de William Friedkin. Mais le regard sur les médias sonne comme celui de Network – Main basse sur la télévision (Sidney Lumet, 1976) sorti quelques années auparavant. Peu d’humanité face au frisson de l’actualité.

Le réalisateur brouille les pistes, retient l’horreur jusqu’à ce que les personnages ne se rendent compte de leur situation. À partir de cette prise de conscience, les monstres se succèdent. Et c’est ce qu’on retient de Hurlements, le brio technique d’un film à un 1,5 millions de dollars qui en a remporté 18. Le travail monstrueux du responsable des effets spéciaux, Rob Bottin. Les effets pratiques impressionnent parce qu’ils existent plein cadre. Très peu de hors champ, la caméra ne se détourne pas des transformations des humains en loups. Un nez devient museau, millimètre par millimètre avec une précision organique telle qu’on ne peut s’empêcher de se demander si les acteurs étaient bien humains au départ. Les corps sont déchirés, les visages pulsent, mutent, se décomposent. La radicalité de ces transformations horrifiques préfigure The Thing (John Carpenter, 1982), sur lequel Rob Bottin donne vie à la Chose du titre.

Hurlements

Une brève histoire de chaîne alimentaire

Hurlements demeure peu incarné, les deux héroïnes étant assez interchangeables. Plutôt que sur ses personnages ou ses dialogues, le scénario insiste sur la symbolique de cette « colonie » où vivent des loups. Loin des hommes, ils vivent en autarcie sous le regard du docteur Waggner, leur guide. Pour un résultat mi-Jonestow, mi-Manson Family. Le libraire qui documente les protagonistes sur les caractéristiques des loup-garous évoque d’ailleurs cette dernière ; tout le film semble axé sur les dérives qu’entraîne la vie en communauté autarcique.

Parce qu’entre deux hideuses métamorphoses, les lycanthropes font de la politique. « On ne devrait jamais renier la bête en nous » avance le docteur, même si l’application pratique de son mantra est pacifiste. Ou humaniste, au sens très littéral du terme. Le bon docteur voudrait que les loups s’intègrent parmi les humains, et consomment de la viande animale comme eux. Dans la colonie, une autre faction plus radicale veut prendre le pouvoir sur les hommes, comme le permettrait leur supériorité physique. L’arrivée des humains trop peu dociles vient bousculer les enjeux et les dix dernières minutes bousculent radicalement l’horizon des loups. Dante ne se refusant jamais un trait d’humour, le générique de fin défile devant une belle pièce de viande sur le grill. Bovine, cette fois. Enfin…


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