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DREAM HORSE

L’histoire vraie de Jon Vokes, une Galloise qui pour s’affranchir de son quotidien morose fonde un syndicat ouvrier pour entraîner un cheval de course. Avec peu d’expérience mais beaucoup de passion, Jan redonne la flamme à sa communauté.

Critique du film

Un film (très) bien mené peut-il, le temps de quelques dizaines de minutes cinématographiques, séduire un spectateur qui n’a aucun – vraiment aucun – intérêt pour le monde hippique ? Aidé de son scénario implacable inspiré d’une histoire vraie, Dream Horse répond à cette question par l’affirmative. Le deuxième long-métrage du (grand) réalisateur de télévision gallois Euros Lyn est à la fois entraînant et brillamment mis en scène. 

Dream Horse est porté par ses acteurs. On est avec eux, sur leurs canapés, au comptoir  du pub et au bord de la piste. L’australienne Toni Collette (rayonnante en galloise plein d’envie, loin des rôles tourmentés qu’elle a pu interpréter) forme un duo avec Owen Teale (croisé dans Game of Thrones), parfait en époux jovial et édenté. Le personnage de Damian Lewis (Homeland), très bon dans les quelques séquences qui lui sont allouées, vient compléter le duo. S’y ajoutent les “gueules” et rires des personnages secondaires, qui donnent vie et ferveur au collectif. À ce titre, le générique de fin qui développe une scène de karaoké du film frappe. Superbement exécuté, il présente les acteurs, la “troupe” et les personnages réels dont ils sont inspirés et permet de constater la précision de son casting. 

Le réalisateur prend le temps de présenter son pays de Galles natal. Les plans sur le décor et ceux qui l’habitent durent. Un petit côté Ken Loach (mood La Part des Anges) pointe parfois ; un Loach auquel il manquerait le côté saillant du regard social, cela dit. Le film fait souvent dans la suggestion. Jan s’agace lorsque le commentateur appuie sur le fait que son poulain ait grandi dans un jardin ouvrier, mais la victoire de l’équidé-prolo éclipse ensuite le sujet. Les différences sociales sous-jacentes restent à l’état d’évocation. L’objectif feel good est assumé. 

Richard Curtis plutôt que Ken Loach

Dream Horse est un film sur l’espoir, sur la construction d’un collectif – ses membres nomment leur protégé Dream Alliance, vous l’avez ? De compagnons de mornes soirées dans un pub, les protagonistes deviennent partenaires, et la plupart d’entre eux vient seulement pour l’aventure. Le scénario reste centré sur le projet et évacue les interrogations financières personnelles de cette classe ouvrière galloise. Elles se glissent pourtant dans les temps morts du film et n’oublient pas de revenir, insidieuses, au moment de prendre des décisions collectives pour le cheval. 

Au-delà de son ton enlevé, le véritable point fort du film réside dans la mise en scène de ses scènes de courses. Nombreuses, elles viennent rythmer l’histoire de Dream Alliance et de ses propriétaires. Euros Lyn ne se contente pas de mimer une retransmission télévisuelle, il en fait des morceaux de bravoure. Filmées au plus proche des chevaux, les scènes sont dynamiques et tendues. Le spectateur vibre avec les protagonistes. Lyn filme les équidés comme des machines. En un sens, c’est presque Le Mans

Bande-annonce

4 août 2021De Euros Lyn, avec Toni ColletteDamian Lewis




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