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AMERICAN HONEY

Sidérant

Star, une adolescente, quitte sa famille dysfonctionelle et rejoint une équipe de vente d’abonnements de magazines, qui parcourt le midwest américain en faisant du porte à porte. Aussitôt à sa place parmi cette bande de jeunes, dont fait partie Jake, elle adopte rapidement leur style de vie, rythmé par des soirées arrosées, des petits méfaits et des histoires d’amour…
 

Fureur de vivre.

Révélée il y a dix ans avec Red Road, Andrea Arnold a confirmé toute l’étendue de son talent en seulement deux films. Tandis que Fish Tank l’érigeait trop vite en digne héritière de Ken Loach, son adaptation anticonformiste de Wuthering Heights ouvrait une brèche nouvelle en plein cœur de son cinéma. À mi-chemin entre ces deux univers sans concessions où réalisme et romantisme se succèdent, American Honey, son quatrième long-métrage, confronte la rudesse du premier à la sensorialité du second.

Rejetée par les uns, adorée par les autres, la radicalité de cette proposition possède l’aura d’un grand film clivant, ceux dont la pérennité ne fait d’ores et déjà aucun doute. Chronique d’une jeunesse hantée par ses rêves, prisonnière du cadre (au propre – via un format 4/3 – comme au figuré), American Honey rappelle bien plus Spring Breakers d’Harmony Korine que l’Œuvre intégrale de Larry Clark. Sans appuyer sur un misérabilisme de mauvais goût, Andrea Arnold y traverse une Amérique white trash à la recherche d’un illusoire échappatoire.

Ici, tout est brut, loin des afféteries, au plus près des sensations et des vibrations de corps en perpétuel mouvement. Andrea Arnold ne filme pas avec « joliesse » ; elle scrute la beauté grâce à un sens pictural proche de la perfection. American Honey partage d’ailleurs avec Wuthering Heights, son prédécesseur, cette photographie sensuelle et solaire brûlant poétiquement l’écran. Accompagnée par une bande originale électrisante, cette mise en scène ravageuse magnétise une troupe d’acteurs à l’énergie folle.

À leur tête, la révélation Sasha Lane et l’impressionnant Shia LaBeouf métaphorisent à eux deux les incertitudes d’une génération faussement insouciante, inlassablement taraudée par l’échec. Leur histoire d’amour chaotique suit ainsi, pas à pas, les errements de ces jeunes gens abandonnés par toutes les structures (qu’elles soient parentales ou sociétales), contraints de se recomposer un monde autarcique. Seul moyen de subsister sans sombrer, le groupe devient alors un radeau de sauvetage, catalyseur d’espoirs minces mais réels où les lendemains pourraient enfin chanter.

La fiche

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AMERICAN HONEY
Réalisé par Andrea Arnold
Avec Shia LaBeouf, Sasha Lane, Riley Keough…
Etats-Unis – Drame
Sortie : 8 février 2017
Durée : 162 min

Publié initialement le 16 mai 2016

 




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