DOWNTON ABBEY
La ficheRéalisé par Michael Engler – Avec Michelle Dockery, Hugh Bonneville, Maggie Smith – Drame, Historique – Grande-Bretagne – 25 septembre 2019 – 2h03
Les Crawley et leur personnel intrépide se préparent à vivre l’événement le plus important de leur vie : une visite du roi et de la reine d’Angleterre. Cette venue ne tardera pas à déclencher scandales, intrigues amoureuses et manigances qui pèseront sur l’avenir même de Downton.
La critique du film
Après avoir fait les beaux jours de la BBC entre 2010 et 2015 et avoir conquis le monde entier, la série britannique Downton Abbey s’offre le luxe et le pari risqué d’un passage sur grand écran.
Visuellement parlant, rien à redire. Les décors fastueux et les costumes somptueux sont taillés pour le cinéma. Michael Engler, réalisateur de plusieurs épisodes, privilégie les plans d’ensemble et conserve l’identité visuelle de la série avec une photographie lumineuse et soignée qui sied parfaitement au grand écran.
Scénaristiquement, Julian Fellowes, créateur et auteur de la série, opte pour une suite directe de la dernière saison, laissant du coup sur la touche toute personne n’ayant pas suivi assidûment la série ; ce qui en soit n’est pas forcément un problème, le film s’adressant clairement aux fans. Ce qui est plus dérangeant c’est de voir que, pourtant pas novice dans l’écriture de longs-métrages (on lui doit notamment l’excellent Gosford Park de Robert Altman), Fellowes a conservé une narration très télévisuelle. Le synopsis met en avant la venue du roi à Downton Abbey, mais ce n’est finalement qu’un fil rouge prétexte où vont venir se greffer de nombreuses sous-intrigues.
La fin d’une époque
On ne pourra pas reprocher à Fellowes de trahir l’esprit de la série mais le cinéma préfère en général une narration qui s’envisage dans sa globalité. Son parti pris est d’autant plus préjudiciable que la durée réduite du film, en comparaison avec une série qui s’étend sur plusieurs épisodes, empêche de traiter convenablement toutes les intrigues développées. Peut-être aurait-il été au moins préférable d’en supprimer quelques-unes.
Ne boudons pas notre plaisir, les amateurs de la saga seront ravis de retrouver la quasi intégralité des personnages de la série et de suivre la suite de leurs aventures. Downton Abbey version cinéma reste dans la droite lignée de sa version télé et continue d’explorer la société britannique des années 1920, sa structure très hiérarchisée, sa politique, sa morale, sa mutation palpable. Là où la saison 6 de la série sous-entendait clairement la fin d’une époque, le film la souligne mais tout en appuyant la volonté d’une continuité et d’un attachement aux traditions de la société britannique. Les fans seront également contents de retrouver le ton de la série même si le film tend plus vers la légèreté que le mélodrame, avec notamment la part belle faite aux piques de la pétillante Maggie Smith.
Pur objet pour les amateurs de la série, qui ravira sans conteste ceux-ci, la version cinéma de Downton Abbey aurait certainement mérité plus d’audace et d’ampleur mais conserve néanmoins le charme de la série originale, ce qui est l’essentiel.