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CLASSE TOUS RISQUES

Gangster condamné à mort par contumace et recherché par la police, Abel Davos s’est réfugié en Italie avec sa femme Thérèse et ses deux enfants. Mais après un coup avec son ami Raymond, sur le point d’être retrouvé, il doit rentrer clandestinement en France. En débarquant sur une plage déserte, deux douaniers les surprennent, provoquant une fusillade tuant Thérèse et Raymond. Resté seul avec ses enfants, Abel fait appel à ses amis Riton et Fargier, à Paris pour venir les chercher à Nice, qui ne peuvent venir eux-mêmes mais lui envoient un homme sûr, Éric Stark, avec une ambulance. Davos se lie d’amitié avec le jeune homme, qui le cache dans une chambre de bonne de son immeuble

Critique du film

Claude Sautet reste bien sûr très connu pour sa série de drames intimistes des années 1970 aux années 1990, depuis Les Choses de la vie jusqu’à Nelly et Monsieur Arnaud, en passant par Mado ou César et Rosalie. Des œuvres qui sont restées dans les mémoires, avec des artistes comme Romy Schneider, Michel Piccoli ou Yves Montand, pour ne citer que quelques interprètes emblématiques de cette filmographie. Mais avant d’entamer cette série de films, Claude Sautet avait déjà réalisé trois longs-métrages et un court. Son premier film réalisé, Bonjour sourire, ne l’ayant pas totalement satisfait – il avait été amené à remplacer à la mise en scène Robert Dhéry qui s’était désisté – Claude Sautet considérait le suivant, Classe tous risques, comme son vrai premier travail de réalisateur. 

L’histoire est tirée d’un roman de José Giovanni, qui a co-adapté son livre avec Pascal Jardin et Claude Sautet lui-même. Une histoire de fuite, d’amitié et de trahison magistralement portée par Lino Ventura que Claude Sautet avait connu sur un autre tournage, alors qu’il était assistant-réalisateur et co-scénariste. Sautet – que certains avaient surnommé le ressemeleur – était souvent appelé à la rescousse pour réécrire ou collaborer à l’écriture d’un scénario jugé bancal. Il confia donc à Lino Ventura ce rôle d’homme traqué par la police et il eut assez de flair pour faire confiance à Jean-Paul Belmondo, au tout début de sa carrière, et dont les producteurs ne voulaient pas.  

Classe tous risques

Dans Classe tous risques, un gangster est recherché par la police est en fuite, mais il reste aussi un père de famille soucieux de ses enfants. Ses anciens complices, ne désirant pas se compromettre en le cachant ou en l’aidant, lui adjoignent un jeune pour le ramener en France, l’escorter. Une amitié naît entre les deux hommes. Comme souvent dans les histoires écrites par José Giovanni, il s’agit d’une histoire d’hommes au sens noble du terme : une histoire d’amitié, de confiance et de principes auxquels on se réfère, pour se forger une conduite et à l’aune desquels on se permet de juger le comportement des autres : Abel Davos – Lino Ventura – dit ce qu’il pense, et fait ce qu’il dit. Il est fidèle à lui-même et à ses valeurs. Et face aux défaillances de ses anciens complices, qui ont peut-être maintenant trop à perdre, il n’hésite pas à exprimer verbalement ou physiquement sa colère. Il appartient à cette catégorie, peut-être fantasmée, du gangster qui obéit à un code d’honneur. En la personne d’Eric Stark – Jean-Paul Belmondo -, il rencontre un homme avec qui il partage des valeurs communes.

La partie humaine, plus intimiste de Classe tous risques, a toute son importance, mais il s‘agit aussi d’un grand et beau film noir, avec son suspense, ses scènes d’action très bien réalisées et sa bande originale signée Georges Delerue. Sorti en 1960, Classe tous risques connût des débuts très difficiles, essuyant un tel échec public qu’il ruina ses producteurs. Il sera par la suite réévalué, à juste titre. C’est devenu un des grands classiques du film noir français qui allie avec brio ambiance de polar et drame intimiste, une oeuvre pessimiste et un vrai film d’auteur. 


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