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AMMONITE

1840, Mary Anning fut une paléontologue renommée mais vit aujourd’hui modestement avec sa mère sur la côte sud et sauvage de l’Angleterre. Mary glane des ammonites sur la plage et les vend à des touristes fortunés. L’un d’eux, en partance pour un voyage d’affaires, lui demande de prendre en pension son épouse convalescente, Charlotte. C’est le début d’une histoire d’amour passionnée qui défiera toutes les barrières sociales et changera leurs vies à jamais.

Critique du film

Sélectionné par le festival de Cannes qui lui a offert le label Cannes 2020, Ammonite de Francis Lee devait être l’un des événements de l’année 2021. Malheureusement, suite à une prolongation de la fermeture des salles, son distributeur originel Pyramide films a finalement cédé les droits du film à Canal+ qui diffusera donc le film réunissant Kate Winslet et Saoirse Ronan sur ses chaînes durant le mois de juillet.

Entretenant une sorte de gémellité avec Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, Ammonite a finalement eu droit à une présentation sur grand écran à l’occasion du festival Chéries-chéris fin juin dans la capitale. Deux amantes sur une plage, des interdits sociétaux, une jeune femme souffrant de mélancolie… Francis Lee, également propose à son tour une romance d’époque lesbienne, ici entre la paléontologue Mary Anning et sa pupille maladive, Charlotte Murchison. Cette dernière, qui se remet difficilement de la perte de son bébé, accompagne Anning autour des rochers de Lyme Regis, à la recherche de fossiles. Et leur affection grandit à mesure que les vagues s’écrasent sur le rivage.

Ammonite film

Pas vraiment une histoire d’amour, ni un récit d’émancipation, Ammonite raconte avec épure comment ceux que nous choisissons d’aimer finissent par nous définir. Il y a, certes, de la passion, mais ce récit n’a rien de romantique. Elles se découvrent l’une et l’autre, et se découvrent elles-mêmes, individuellement. Inspiré de faits réels, Francis Lee choisit d’explorer le lien entre Anning et Murchison. Les deux femmes, qui ont dans la réalité entretenu une amitié de longue date, pourraient avoir vécu quelque chose de plus fort, resté secret. Entre elles se présente un choc des cultures, et la confrontation de deux tempéraments contrastés. Mary a une attitude plutôt renfrognée, dissimulant sa sensibilité derrière une épaisse carapace, bâtie à force d’épreuves douloureuses. Comme dans Mare of Easttown, Winslet campe une figure forte, peu avenante, avec le talent qu’on lui connait. La lumineuse Saoirse Ronan, quant à elle, s’émancipe de la jeune femme caractérielle de Les filles du Dr March et Lady Bird pour livrer une prestation plus sensible dans la peau de cette jeune épouse délaissée qui s’éteint à petit feu, alors que son époux l’abandonne sans ménagement sous prétexte d’une tournée en Europe.

Réunies, elles s’apprivoisent, progressivement une passion nait entre elles et leur microcosme prend vie avec elles. Dans la lignée de Seule la terre, cette belle histoire d’amour contrariée reste liée au cadre, au territoire. Lee joue de celui-ci, s’attardant sur les paysages, les détails faisant la beauté des lieux et des gestes du quotidien, offrant une dimension sensorielle à cette épopée amoureuse qui restera pourtant contenue. Dans ce cocon habité par deux femmes qui ont passé leur vie étouffées par d’autres, leur amour est l’opportunité d’une métamorphose. Ammonite se concentre finalement autour de celle-ci plus que sur le sort de leur idylle – et de son avenir -, laissant le spectateur sur une ultime scène qui peut dire bien des choses.

Bande-annonce

7 juillet 2021 (Canal+ / MyCanal) – De Francis Lee, avec Kate WinsletSaoirse RonanFiona Shaw




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