24H LIMIT
Travis Conrad, tueur d’élite d’une organisation paramilitaire, est tué en mission en Afrique du Sud. Mais une procédure médicale expérimentale mise en place par ses employeurs le ramène temporairement à la vie, lui offrant 24 heures supplémentaires. Dans cette course contre la mort, comment Travis va-t-il pouvoir se sortir de ce piège ?
24h broc d’eau.
Qu’est-ce qui peut bien pousser des acteurs respectables, régulièrement dirigés par de grands cinéastes, à enchaîner les rôles médiocres dans des séries B ? On vous voit venir. L’argent, OK. Mais encore ? Depuis dix ans, on se pose sérieusement la question au sujet de Liam Neeson mais c’est le fiston Ethan Hawke, l’inoubliable protagoniste de la trilogie Before et du bijou de SF Bienvenue à Gattaca, plusieurs fois nommés (à juste titre) aux Oscars, qui commence à inquiéter ses plus fidèles aficinados. Cette mode auto-destructrice consistant à abîmer sa filmographie à grands coups de navets n’est pas récente, bon nombre d’interprètes hollywoodiens ayant franchi le pas avec comme principale motivation le cachet associé au scénario. Mais là où certains s’en sortent bien – et utilisent leur Mastercard pour payer des billets d’avion à un couple en voyage de noces, coucou Keanu – d’autres s’enlisent et causent des dégâts irrémédiables à leur carrière. Cela pourrait bien être le cas de ce brave Ethan qui, à force de tirer sur la corde de l’indulgence, parait bien décidé à se séparer de son collier d’immunité.
Pratiquement squeezé des salles outre-Atlantique au profit d’une sortie vidéo, le film de de Brian Smrz bénéficie d’une petite programmation française et ressemble à un nouveau pari de son distributeur français, SND, probablement ragaillardi par le succès surprise de son précédent nanar d’action Seven sisters (un autre film à pitch franchement grotesque). Mais soyons clairs, Travis Conrad n’est pas John Wick. Son histoire d’ex-tueur à gages contraint de sortir de sa retraite anticipée suite au décès de son épouse (et de sa femme) montre très vite son inconsistance. Une fois passée l’étape de l’efficace introduction, qui comporte certainement la seule séquence d’action convaincante du film, le spectateur n’a pas besoin de 24 minutes pour apercevoir les limites de ce revenge-movie affligeant.
Car 24H limit est gênant pour tout le monde, du réalisateur au scénariste en passant par son comédien principal. Lister les aberrations du film nécessiterait plusieurs visionnages tant elles se bousculent, mais personne ne sera maso à ce point. Vous serez mis en garde, le programme est chargé : du protocole (farfelu) de résurrection au twist final LOL-esque en passant par le compte-à-rebours de la mort greffé dans le bras, c’est du très haut niveau. Risible jusqu’à sa dernière seconde (si si, on vous le promet, vous allez vous esclaffer !), avec son postulat tordant suggéré par son titre, 24 hours to live (24H limit) repousse les frontières de la crédibilité, forçant même les cinéphiles les plus volontaires à de sérieux efforts d’acceptation. Petit exemple d’entorse à la logique, juste pour vous allécher : Travis est régulièrement pris d’hallucinations (du fait des produits qui lui ont été injectés) et, pourtant, sa partenaire Lin ne voit aucun problème à ce qu’il prenne le volant à sa place.
Pour parachever ce bijou d’action, le scénar ne lésine pas sur les clichés. Du flash-back spectral avec l’épouse et l’enfant regrettés courant sur la plage tu devras te fader, de l’organisation omnipotente avec un nom faussement emblématique tu auras, d’un grand méchant à l’accent britannique tu ne seras pas dispensé. Sommet de ringardise et de non-sens, 24H Limit a de la flotte dans le cerveau et sonne aussi creux qu’un broc d’eau à la fin d’un service de cantine.
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