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CANNES 2015 | RETOUR SUR LE PALMARÈS

Un palmarès à l’image d’une compétition décevante

Sur le papier, la compétition de ce 68ème Festival de Cannes promettait un habile et cohérent mélange des genres où grands auteurs, probables confirmations et intrigantes découvertes semblaient capables de proposer dix-neuf films représentatifs d’un cinéma mondial de haut standing. C’est dire l’ampleur de la déception face à un cru très faible au sein duquel les (mauvaises) surprises furent nombreuses.

Tandis que les habitués cannois livraient, pour la plupart, des copies passables (Matteo Garrone, Jia Zhang-Ke, Jacques Audiard, Hirokazu Kore-Eda) ou calamiteuses (Gus Van Sant, Maïwenn Le Besco, Paolo Sorrentino), le renouveau peinait à être discerné. Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si le palmarès final, fruit de la concertation entre les frères Coen et leurs sept jurés, fut aussi décrié, pointé du doigt pour des choix parfois aberrants, souvent peu courageux.

Audiard sacré pour son film le plus faible ?

Paraissant obtenir la récompense suprême pour l’ensemble de sa carrière au lieu de la mériter véritablement pour son dernier film, Jacques Audiard a décroché la Palme d’or à la surprise générale pour Dheepan, son moins bon long-métrage, devenant ainsi l’exemple-même de distinctions sans inspiration. S’il était difficile d’espérer une palme radicale, un lauréat comme Le Fils de Saul (heureusement couronné par le Grand Prix) ou The Lobster aurait prouvé l’ouverture d’esprit d’un jury qui s’est malencontreusement contenté de remplir, une à une, les cases de son palmarès.

Hou Hsiao-Hsien à la mise en scène (l’esthétique avant tout), Yorgos Lanthimos en prix du jury (l’isolement de l’originalité), ces associations parfaites entre vainqueurs et catégories laissent surtout le goût d’un palmarès extrêmement lisse, où les prises de risques font cruellement défaut. Excepté le sacre aussi mérité que bouleversant de Vincent Lindon, fantastique dans La Loi du marché, les décisions de distinguer Rooney Mara sans Cate Blanchett (au profit d’Emmanuelle Bercot) ou Michel Franco pour l’affreux scénario de son épouvantable Chronic ressemblent ainsi à un jeu de chaises musicales mal orchestré.

Moretti, l’absence qui fâche

Et que dire du snobage répréhensible de Mia Madre, le très beau film de Nanni Moretti, reparti bredouille alors que beaucoup lui prédisaient la Palme ? Il reste difficile d’imaginer que le jury ait pu à ce point passer à côté de son but premier : repérer et souligner la virtuosité, qu’elle soit émotionnelle ou technique.


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Palmarès final

Palme d’or : Dheepan, de Jacques Audiard

Grand Prix : Le Fils de Saul, de Laszlo Nemes

Interprétation masculine : Vincent Lindon dans La Loi du marché de Stéphane Brizé

Interprétation féminine : Rooney Mara dans Carol de Todd Haynes et E. Bercot (Mon Roi)

Prix de la mise en scène : The Assassin, de Hou Hsiao Hsien

Prix du scénario : Chronic, de Michel Franco

Prix du jury : The Lobster, de Yorgos Lanthimos

 




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