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TROIS ÉTÉS

Chaque année, Edgar et Marta organisent une grande fête dans leur luxueuse résidence d’été, à côté de Rio de Janeiro, orchestrée par leur gouvernante Mada et les autres employés de la maison. Mais, en trois étés, tout va basculer. Alors que le monde de ses riches patrons implose, balayé par des scandales financiers, Mada se retrouve en charge de la propriété dont elle est bien décidée à tirer le meilleur parti.

Critique du film

Une comédie dramatique en trois actes, portrait joyeusement féroce d’une société à la dérive. Le talent et le sourire de Regina Casé illuminent ce film à la mise en scène trop terne.

En filmant le petit théâtre d’une maison bourgeoise où maîtres et domestiques, sans disharmonie, sont confrontés à l’effondrement d’un système, Sandra Kogut regarde le dérèglement de la société brésilienne d’un œil goguenard et amer. Mada, gouvernante de toujours, est quasiment intégrée à la famille, omniprésente tout en sachant garder ses distances. Boule d’énergie et de bonne humeur, elle dirige les domestiques et, en parallèle, cherche à assurer ses arrières en montant une petite échoppe de bord de mer. Edgar et Marta fêtent leurs 20 ans de mariage mais, à l’opulence fait bientôt écho l’inquiétude. Les incessants coups de fil que reçoit Edgar sont oiseaux de mauvais augure.

Le récit, enroulé autour d’une boucle temporelle qui voit revenir l’été comme un boomerang, cache une partie de sa dramaturgie dans les ellipses. Seuls habitants de la maison, les domestiques, sous la houlette d’une Mada transformée en auto-entrepreneuse, s’approprient les lieux, lors du deuxième acte, en détournant les caméras de surveillance et trinquant au nouvel an dans les flûtes en cristal. Les propriétaires ont déserté. Edgar, rattrapé par la justice, n’est plus évoqué que par les apparitions de son avocat. Quant à Marta, c’est sur les réseaux sociaux que Mada suit ses voyages, loin du scandale et près de son fils. Et puis il y a Monsieur Lira, patriarche fatigué et mutique qui a confié à Mada sa honte d’avoir raté l’éducation de son fils, lui l’enseignant émérite. Personnage spectateur, c’est lui qui va initier le troisième acte et imprimer à la comédie satirique des accents plus dramatiques.

Investie par un tournage publicitaire, la maison revit, animée par la petite troupe de cinéma que bientôt Mada accompagne, au pied levé. Bloc de sincérité, la comédienne en herbe transforme une séquence de promotion en confession bouleversante. Le passé tragique qu’elle révèle accentue alors la politesse de son éternel sourire et scelle la complicité de cœur avec Monsieur Lira.

Trois étés, à travers le portrait tendre et acide d’une micro-société chamboulée par la faillite morale des possédants, dresse le constat d’un Brésil gangrené par la course au profit. On regrettera un certain schématisme et une mise en scène peu inspirée qui se contente de saisir le talent de son interprète principale, la formidable Regina Casé.

Bande-annonce

11 mars 2020 – De Sandra Kogut, avec  Regina CaséOtávio Müller




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