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MAD MAX 2

Dans un futur non défini, les réserves de pétrole sont épuisées et la violence règne sur le monde. Max, un ancien de la sécurité routière, se porte aux secours d’une communauté de fuyards aux prises avec des pirates de la route. La bataille se concentre autour d’une citerne de raffinerie.

Ni regret, ni espérance

Entre Mad Max premier du nom et le deuxième volet de la saga de George Miller, il y a un monde. Ou plutôt, une absence de monde. On pourrait croire à première vue que le génial cinéaste australien a cédé aux sirènes de l’argent facile en créant une licence à succès, dans laquelle il suffirait, un peu comme les Martine, de déplacer dans telle ou telle situation le bourru Max que joue Mel Gibson. Il n’en est rien. Mad Max 2 n’est ni une redite pâlotte, ni une exploitation flemmarde du premier volet. Au contraire, la force du deuxième opus d’une saga quadragénaire réside dans sa capacité à actualiser la dissolution des liens sociaux et moraux à l’œuvre dans Mad Max.

Souvenons-nous de ce qui arrivait au pauvre Max Rockatansky, malheureux agent de la police routière qui voit sa femme et leur fils écrasés par une bande de méchants motards. Dans cet outback peuplé de routes infinies, la morale n’avait plus de mise : Mad Max offrait le spectacle d’un ange exterminateur, doué d’une cruauté primitive (ou post-humaine, c’est selon) et, il faut le souligner, indéniablement machiste, déchaînant sa vengeance sur de petites frappes. Mad Max 2 va plus loin : cette dissolution sociale seulement suggérée par le premier film, il la hisse au rang de décor signifiant. Quoi de mieux en effet qu’un désert pour exprimer l’anéantissement quasi-total des relations humaines ? 

A history of violence

L’apocalypse promise par le premier opus a finalement eu lieu. Sauf qu’à la différence de l’Apocalypse biblique, elle n’a pas séparé le bon grain de l’ivraie, les bons des méchants. À sillonner l’outback plus désert encore qu’auparavant, on ne rencontre que des êtres résolument individualistes, plus ou moins brutaux, en qui toute trace d’innocence a disparu. La meilleure preuve en est l’enfant sauvage (Emil Minty), qui habite non loin de la citerne assiégée où se déroule le récit. L’avenir qu’enfante le désert est à son image : âpre, sec, amoral. 

Le monde de Mad Max 2 diffère en cela du genre post-apocalyptique. Quantité de mondes s’efforcent de cultiver une lueur d’espoir dans une communauté alternative (28 jours plus tard ou Celle qui a tous les dons par exemple) ou au contraire une indécrottable nostalgie pour le monde antérieur (La Route, typiquement). Or, dans l’univers de George Miller, il n’y a ni regret, ni espérance. Bien qu’idéalisée, la petite communauté assiégée dans la citerne n’a pas assez de poids pour proposer une idéologie refondatrice. Bien au contraire, car suivant l’exemple du désert, la mise en scène adopte le modèle perceptif des routards qui encerclent la citerne. Leur chef, Humungus (Kjell Nilson), cultive la violence comme fondement de son existence. Et cette violence transparaît dans la forme cinématographique. Rarement on aura vu cinéma plus frénétique : plans accélérés, gros plans sur des trognes grotesques, caméra au ras-du-sol lors des poursuites automobiles, etc. L’ivresse de la vitesse contamine jusqu’au film. 

Dans ce monde, il n’y a d’autre salut que cette religion post-capitaliste et jusqu’au-boutiste : toujours plus loin, toujours plus fort, toujours plus vite. N’y restent plus que l’essence, les bagnoles et leur tempo proprement cinématographique.


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