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28 JOURS PLUS TARD

Un commando de la Protection Animale fait irruption dans un laboratoire top secret pour délivrer des dizaines de chimpanzés soumis à de terribles expériences. Mais aussitôt libérés, les primates, contaminés par un mystérieux virus et animés d’une rage incontrôlable, bondissent sur leurs « sauveurs » et les massacrent. 28 jours plus tard, le mal s’est répandu à une vitesse fulgurante à travers le pays, la population a été évacuée en masse et Londres n’est plus qu’une ville fantôme. Les rares rescapés se terrent pour échapper aux « Contaminés » assoiffés de violence. C’est dans ce contexte que Jim, un coursier, sort d’un profond coma…

Run baby run

Quelque chose distingue 28 Jours plus tard de la horde des films de zombies : la nostalgie. Cet élément le démarque des caractéristiques ordinaires du genre.

Contrairement aux œuvres de Romero et de ses suiveurs, le film de Danny Boyle ne s’aventure pas dans la critique sociale. Ici, les zombies courent aussi vite que les humains. Par cette mobilité accrue, ils échappent à la représentation sous forme de masse consumériste stupide chère à la « trilogie des morts-vivants ». De même, l’état de ruines dans lequel sombre Londres supprime, chose logique, la lutte des classes.

28 Jours plus tard se différencie également des blockbusters hollywoodiens. Question charisme et badassitude, un Cilian Murphy, dont le rôle de Jim propulsa la carrière, ne rejoint pas le Brad Pitt bien viril de World War Z (et c’est tant mieux). Pas non plus de soldats héroïques prompts à défendre l’humanité : les seuls soldats qui apparaissent ont des appétits charnels certes différents des zombies qu’ils affrontent, mais qui ne valent guère mieux.

Enfin, Danny Boyle ne pratique pas encore l’humour corrosif qui caractérisera certaines productions récentes du genre. Depuis Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009), quantité de films se sont amusé à tourner en dérision les codes du genre, jusqu’au récent The Dead Don’t Die (Jim Jarmusch, 2019).

Si 28 Jours plus tard mérite le détour, c’est parce qu’il ouvre une autre voie, que peu d’autres œuvres ont poursuivie, hormis The Walking Dead (pour partie) et le méconnu The last girl. Avec ce film, Boyle pose la question du devenir de l’humanité après la catastrophe. Comme le dit le personnage de Selena (Naomie Harris) : « On parle toujours de survivre. Mais qui pense à vivre ? ». En ce sens, 28 Jours plus tard se rattache davantage au genre post-apocalyptique, dont la catastrophe viendrait des zombies. 

Zombie melancholy

Un ton des plus mélancoliques envahit la pellicule. Lorsque Jim se réveille, seul à l’hôpital après 28 jours passés dans le coma, la métropole londonienne qu’il retrouve se noie sous la grisaille. Ce grain grisâtre ne lâchera plus la caméra. Sauf lors de rares séquences, où, soudain, la joie de vivre des personnages refait surface, tel leur moment de folie dans un supermarché désert, lors duquel les couleurs acidulées des bonbons qu’ils recherchent envahissent et ragaillardissent l’écran.

Il en va de même de la BO. Nul punk hurlant comme dans Bienvenue à Zombieland ici, mais plutôt un lamento post-rock d’où toute trace de voix, comme de vie, humaine a disparu. Dans 28 Jours plus tard, massacrer des zombies n’a pas de sens. Ou plutôt, ce non-sens en est un. Les zombies y incarnent en effet la perte des valeurs d’un monde qui n’en avait d’ores et déjà que peu. Dès lors, que reconstruire ? comment retrouver un goût à la vie aussi vif que celui que procurent les bonbecs pas chers du supermarché ? 28 Jours plus tard pose beaucoup de questions et répond à peu d’entre elles. Et c’est tant mieux.


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