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LAST WORDS

En 2085, la Terre n’est plus qu’un immense désert. Les derniers survivants se rejoignent à Athènes, appelés par un ultime espoir… Et si l’Humanité parvenait à trouver la plénitude alors même que tout s’écroule et qu’elle est condamnée ? L’histoire étonnante de la fin du monde, vécue de manière tendre et joyeuse, par les cinq derniers êtres humains.

Critique du film

2085 ou 2020, on ne sait plus. Last Words de Jonathan Nossiter, en sélection officielle d’un Festival de Cannes qui n’a jamais vraiment eu lieu, résonne aujourd’hui comme une prophétie. À travers une fable écologique et post-apocalyptique d’un monde déchiré, le réalisateur capte avec une justesse glaçante la réalité d’aujourd’hui, particulièrement à un moment où le cinéma est le plus fragile. 

Jonathan Nossiter insuffle à sa tragédie humaine un brin d’espoir. Dans un monde qui ne ressemble qu’à une immense dune de sable, qu’on devine ravagé par la catastrophe climatique, l’humanité survit en solitaire. Au milieu d’un Paris en ruines, le dernier homme sur Terre part à la recherche de la Cinémathèque de Bologne, pour percer à jour ces mystérieuses bandelettes de plastique. 

Juste la fin du monde 

Dénué de tout grandiose, Last Words opte pour une approche poétique et optimiste de la fin du monde, bien plus intéressé par l’humanité que par le grand spectacle. Le rythme souvent contemplatif du film, qui repose sur sa fable existentielle, risque d’en laisser plus d’un sur le carreau. Plus qu’une méditation sur la solitude humaine et l’agriculture comme dernier recours, Last Words fait du cinéma l’ultime espoir de l’humanité. 

Au milieu de la fin du monde, la Cinémathèque devient un refuge à l’épreuve du temps, un temple de vitalité où demeurent les fragments d’un univers disparu. Le cinéma, initié par Nick Nolte, devient un savoir que l’on se partage. Il y a quelque chose de bouleversant à lire dans les yeux de Kalipha Touray l’émerveillement devant les images qui défilent. Last Words est autant un film de fin du monde qu’un poème sensible sur l’essence du cinéma.

Le cinéma comme artisanat, à travers l’obsession du dernier homme à construire une caméra pour immortaliser les derniers instants de vie. Le film fétichise l’objet cinématographique, seul résistant à l’épreuve du temps, à travers ses affiches, ses projecteurs et ses pellicules.  Aussi, le cinéma comme partage. Last Words transcrit avec une émotion assez particulière l’expérience cinématographique. Loin de la cathédrale sacrée, la salle de cinéma rudimentaire laisse déborder les émotions de ses spectateur.ice.s, qui découvrent le monde sous un autre jour. La transmission du savoir, aussi bien pratique qu’existentiel, passe alors à travers l’image, qui parvient à réconcilier une humanité qui se fuit. 

A l’image de cette poignée de main entre Nick Nolte et Stellan Skarsgård, Last Words endosse une dimension méta-fictionnelle et devient lui-aussi, le dernier film d’une humanité (presque) disparue avant de sombrer dans la pandémie. C’est pourtant lorsque tout semble perdu qu’il brille par son optimisme, et rappelle que même au bord du gouffre, le monde continue de se raconter des histoires. 

Bande annonce

21 octobre 2020 – De Jonathan Nossiter, avec Charlotte Rampling, Nick Nolte, Stellan Skarsgård.


Label Cannes 2020 // Festival de Deauville 2020




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