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ADIEU LES CONS

Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. À eux trois, ils se lancent dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.

Avant-propos

On a failli ne pas voir Adieu les cons. Ou pas de sitôt. Menacé par la crise sanitaire actuelle et une deuxième vague ayant conduit les autorités à la décision arbitraire d’un couvre-feu impitoyable pour la culture, le nouveau film d’Albert Dupontel a un temps été soumis aux rumeurs de report – comme les (trop) nombreux mastodontes hollywoodiens, trop occupés à regarder le rapport prédictif des pertes et profits plutôt que d’afficher une quelconque solidarité envers ceux dont ils ont pourtant tant besoin.

Heureusement, certains distributeurs n’adoptent pas cette stratégie et sortent malgré tout leurs films. Le cinéma d’auteur et les comédies populaires deviennent l’ultime espoir de la profession pour maintenir le navire à flot. Le pari est risqué mais il porte ses fruits, pour plusieurs d’entre eux, avec à la clé un beau succès public. Parce que nous aurons toujours besoin de la culture, et peut-être même encore plus quand tout est bien trop difficile, et que le cinéma nous offre une bouffée d’oxygène ou un canevas d’interprétation du monde, les cinémas restent ouverts, et les films sortent.

Adieu les cons

Critique du film

Et c’est une belle nouvelle que l’annonce du maintien d’Adieu les cons sur sa date de sortie initiale tant les salles ont besoin d’un film grand public à portée rassembleuse. Depuis 9 mois ferme et Au revoir là-haut, Albert Dupontel a acquis un statut d’artiste populaire capable d’accorder les plumes et les spectateurs.

Avec sa comédie sentimentale aux relents punk et cartoon, il livre un film symptomatique d’un artiste désenchanté qui n’a pas perdu ni de sa candeur ni de sa colère. Face à un système brutal qui tourmente les petits (burn out professionnel, violences policières…), il adresse un doigt d’honneur non dissimulé aux figures d’autorité à l’heure où les aiguilles du monde sont déréglées. Et offre une énième occasion à Virginie Efira de rappeler combien elle est devenue essentielle au paysage cinématographique francophone.

Comme ses illustres idoles (Gilliam, Chaplin), Dupontel mêle astucieusement humour et drame, gags et émotions, drapé dans quelques saillies politiques qui rappellent que l’indomptable n’est jamais bien loin. Et derrière la cocasserie et l’apparente légèreté se cache un film d’une grande tendresse et d’une profonde tristesse. Celle des oubliés, des laissés pour compte, mais aussi celle du temps qui passe – à l’image de cette banlieue parisienne gentrifiée qui n’existe plus que dans les souvenirs.

Malgré quelques coups de mous en cours de route, le dernier segment achève de convaincre et de faire basculer définitivement le film dans l’émotion, de cette scène poignante où la mémoire réapparait à la parenthèse romantique de l’ascenseur, jusqu’à cet épilogue tragique d’une certaine splendeur nihiliste.

Bande-annonce

21 octobre 2020 – De et avec Albert Dupontel, et Virginie EfiraNicolas Marié

 




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