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BLOOD

Après un divorce compliqué, Jesse emménage avec sa fille et son jeune fils Owen dans une vieille ferme. Peu de temps après, Owen est mordu violemment par un chien. À l’hôpital, il se réveille avec une étrange soif de sang. Sa mère fera tout pour lui en procurer et le maintenir en vie.

Critique du film

N’en déplaisent aux plus sensibles, les enfants et le cinéma horrifique font toujours bon ménage. L’an dernier, les jeunes Norvégiens des Innocents avaient malmené le festival de Gérardmer le temps d’un film particulièrement dérangeant, qui avait remporté prix du public et de la critique. Cette année, dans un tout autre registre, c’est l’américain Blood qui offre au festival son lot d’enfants terrifiants à l’écran.

Surfant sur une trame qui n’est pas sans rappeler le légendaire Simetierre de Stephen King (adapté une première fois à l’écran par Mary Lambert en 1989), Blood recycle le trope éternellement efficace du marmot maléfique. Plus tout à fait humain mais encore diablement mignon, Owen, le petit dernier de la famille, pousse sa mère dans des retranchements éprouvants lorsqu’il développe un appétit insatiable pour le sang humain. Brad Anderson pose ici en creux les mêmes questions que King avant lui : jusqu’où peut aller un parent lorsqu’il pense sauver son (adorable et surprotégé) enfant ? Un monstre est-il moins dangereux lorsqu’il a l’apparence d’un bambin ?

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C’est finalement dans la performance maternelle assez remarquable que livre Michelle Monaghan que réside toute la force du film, alors que Brad Anderson se refuse à tomber dans l’esthétique gore que laissait présager le titre. Si son scénario reste assez prévisible, Blood tire sa puissance de la tension nerveuse que le réalisateur réussit rapidement à installer une fois l’intrigue amorcée ; en choisissant de coller à un réalisme qui fait souvent défaut au cinéma de genre, (“Mais que font la police et les services sociaux ?” a-t-on souvent envie de crier face à un film d’horreur), il fait coexister le surnaturel et le trivial et
exploite un univers fantastique minimaliste mais efficace.

Que les fans de vrai frisson se rassurent malgré tout : Blood ne boude pas non plus son plaisir en matière d’images vraiment choquantes, dont le pouvoir de transgression et la noirceur hantent bien après la fin du générique. En n’épargnant aucun de ses personnages, Brad Anderson livre un film profondément pessimiste et douloureux qui réussit à éviter le ridicule et dont on ressort harassé et hagard.


12 juillet 2023 (vidéo) – Festival de Gerardmer 2023





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