THE NOCEBO EFFECT
Critique du film
Alors qu’elle est en plein défilé de sa nouvelle collection de vêtements pour enfants, Christine est prise d’une effrayante vision. Est-ce là une manifestation de son surmenage, ou une apparition surnaturelle ? Toujours pas complètement remise de son burn out, elle tente pourtant de reprendre le travail plusieurs mois plus tard, malgré des signes évidents d’agitation. Lorsque Diana, une employée de maison philippine, se présente sur le pas de sa porte, affirmant qu’elle l’a appelée pour l’aider, la styliste s’étonne de n’en avoir souvenir mais y voit une bonne coïncidence. Rapidement, consciente que sa nouvelle patronne souffre encore de sa maladie, elle ne tarde pas à lui faire profiter de son savoir-faire shaman et de ses remèdes ancestraux, tandis que le mari se montre réticent face à cette présence peu anodine et à l’influence que Diana semble avoir sur son épouse.
Est-elle manipulée par son employée ou cherche-t-elle à l’extirper du contrôle de son mari ? Quelques longues séquences en flashback intégrées au récit viennent raconter le passé de cette invitée, dont on peine à savoir si elle est bien intentionnée et dont on devine qu’un traumatisme semble lier les deux femmes. Le titre du film, The Nocebo Effect, demeure alors un indice que l’on garde à l’esprit, l’effet nocebo renvoyant aux conséquences psychologiques ou physiologiques liées à la prise d’une substance qui ne serait pas toujours bénéfique.
On le découvrira progressivement, le réalisateur Lorcan Finnegan et son scénariste Garret Shanley (Vivarium) ont fait avec The Nocebo Effect le choix d’un angle surnaturel pour évoquer les conditions de travail dangereuses dans les pays en développement. Car Christine, comme de nombreux entrepreneurs, sous-traite la confection de sa gamme de vêtements en Asie, dans des ateliers clandestins où elle peut donner ses exigences de productivité. Ce thriller à tendance horrifique a ainsi pour lui un sous-propos politique bienvenu, le sort des travailleurs maltraités et le triomphe du capitalisme sur l’humain, mais ses auteurs manquent de subtilité pour expliquer le mobile de Diana – bien que notre jugement moral ne demeure pas complètement tranché à l’issue du film.
The Nocebo Effect offre cependant une nouvelle opportunité à Eva Green de démontrer son talent dans l’incarnation de personnages incandescents, au bord de la rupture. De femme d’affaires élégante à épouse misérable et en détresse, elle impressionne par sa performance à la fois physique et émotionnelle. Dommage que le film, lui, peine à trouver le bon équilibre entre sa dramaturgie émotionnelle, son imagerie horrifique et son argumentaire pertinent sur les conséquences de la fast fashion, s’essoufflant dans sa seconde partie, la faute à une intrigue dont on finit par deviner les coutures avant qu’elles ne nous apparaissent enfin.
Bande-annonce
8 mars 2023 (VOD) – De Lorcan Finnegan
avec Eva Green, Chai Fonacier, Mark Strong