J’AI 10 ANS | Sébastien Marnier
Actuellement en plein montage de son troisième long-métrage, L’origine du mal, Sébastien Marnier (Irréprochable, L’heure de la sortie) a pris le temps de répondre à notre quiz cinéphile concocté pour les 10 ans du site. J’ai 10 Ans.
C’était quoi le film de vos 10 ans ?
Les sorcières d’Eastwick de George Miller. J’étais déjà cinéphile grâce à la programmation du centre culturel Jean Houdremont de La Courneuve mais je garde un souvenir mémorable de cette séance. Le diable Nicholson, Sarandon, Pfeiffer et Cher en apprenties sorcières super sexy, les petites poupées de cire, la partouze sur Puccini et la bigotte du village qui vomit des cerises… pour le jeune ado que j’étais, tout était magique et érotique dans ce film.
10 ans au cinéma, un enfant inoubliable ?
J’ai toujours eu une passion pour les gamins au cinéma mais le regard d’Ana Torrent dans Cria Cuervos de Saura ne m’a jamais quitté. Chialade assurée à chaque fois.
Votre décennie de cinéma préférée ?
Comment choisir une décennie, c’est impossible. Les films traversent ma vie, quelque soit leur époque. Et je pense que les œuvres les plus marquantes pour moi sont généralement très anachroniques à leur époque.
Un film inépuisable, vu au moins 10 fois ?
Des films. Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, Batman Returns de Burton, Elephant de Gus Van Sant, Le voyage de Chihiro de Miyazaki.
3 cinéastes à suivre d’ici 2030 ?
Tous ceux qui vont éclore d’ici là. Mais plus sérieusement, je suis très curieux de voir comment le « genre » va s’épanouir en France. Je sens que nous sommes à un moment charnière et je suis persuadé que notre singularité va engendrer des films monstres et hybrides uniques au monde.
5 personnalités du cinéma (mortes ou vivantes) pour vivre une décade prodigieuse ?
Tod Browning parce que j’ai toujours un besoin viscéral de me replonger dans ses mélos dantesques. Spielberg, Almodovar et Lars Von Trier parce qu’ils nous donneront des nouvelles pièces du puzzle de leur vie de cinéma. Catherine Deneuve, Isabelle Huppert et Meryl Streep, pour les mêmes raisons. Gong Yoo, mon fantasme d’acteur absolu, pour qui je rêve d’écrire un rôle
X : que trouvez-vous obscène à l’écran ?
Tellement de choses ! Mais je pense que ce qui me dégoûte le plus, c’est l’absence de vision. Un cinéaste se doit d’avoir un point de vue ; à la fois sur le monde et sur la mise en scène. Quelqu’un qui se contente de filmer une histoire, c’est tellement déprimant.
A quoi ressemblera le cinéma dans 10 ans ?
Il se sera sûrement métamorphosé ; à la fois sur un grand écran et un smartphone… Je ne sais pas si c’est triste ou si c’est bien. C’est comme ça, c’est le monde tel qu’il est aujourd’hui. En revanche, il faudra se battre pour qu’il puisse continuer à être diffusé dans les salles car je ne peux imaginer un monde sans cette expérience collective unique. Nous devons protéger les salles comme les animaux en voie de disparition, comme la planète, la faune et la flore car il faut que les générations futures puissent connaître de tels émerveillements.
Comment consommez-vous le cinéma aujourd’hui ?
Comme un vieux, je vais au cinéma deux à trois fois par semaine. Comme un vieux, je continue à aller chiner des DVD chez Gibert. Je ne suis abonné à aucune plateforme…
Ça va mieux en le disant : quel est votre rapport à la critique ?
Un rapport méfiant mais bienveillant. La critique, aussi bien dans les Cahiers que dans Première et Studio, a façonné ma curiosité et provoqué chez moi des crises de boulimie qui ne se sont jamais calmées. C’est par la critique que je suis devenu cinéphile, alors ce n’est pas un lien qui peut se casser si facilement. Pour autant, je trouve que beaucoup trop de critiques aujourd’hui utilisent leur profession pour exister médiatiquement et accéder à la notoriété…