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MADELEINE COLLINS

Judith mène une double vie entre la Suisse et la France. D’un côté Abdel, avec qui elle élève une petite fille, de l’autre Melvil, avec qui elle a deux garçons plus âgés. Peu à peu, cet équilibre fragile fait de mensonges, de secrets et d’allers-retours se fissure dangereusement. Prise au piège, Judith choisit la fuite en avant, l’escalade vertigineuse.

Critique du film

Un mari chef d’orchestre et le grand monde d’un côté, un amant et une atmosphère plus intime de l’autre. Énigmatique, la double vie du personnage de Virginie Efira entre Genève et Paris. Margot, Judith, elle porte deux prénoms et ment forcément à l’un de ses deux hommes. À moins que ce soit à tout le monde, à commencer par elle-même. Ce serait plus simple si à Genève elle n’avait pas une petite fille… Mais comment a-t-elle pu cacher une grossesse à son mari ?

Madeleine Collins est un film à décrypter, qui ne suggère jamais trop. Depuis une fausse ouverture mystérieuse que l’on ferait bien de garder en tête, jusqu’à l’ambivalence du jeu de Virginie Efira. Judith en France, Margot en Suisse : mais qui est -elle ? Et qui est Madeleine Collins, d’ailleurs ? Plongée dans ses identités, sans pouvoir nouer d’attaches, on se rend compte qu’elle mélange tout. Margot, Judith ; elle a l’impression d’être devenue un monstre.

Une ambivalence dans la monstruosité chère à Antoine Barraud, réalisateur du Dos Rouge. Il y maltraitait Bertrand Bonello, qui voyait une étrange tâche grandir dans son dos. Ici, le mal est plus insidieux, psychologique. Le personnage principal est rongé par des choix antérieurs, que le film ne semble pas vouloir détailler.

Il s’agit pour le spectateur de scruter ce personnage, ses interstices et d’attendre. La mise en scène est discrète. Tout repose sur Virginie Efira, qui éclipse les autres acteurs. Elle joue à la perfection le malaise d’une femme au bord de la crise de nerfs. Margot-Judith a des bouffées d’angoisse sans pouvoir l’expliquer à son mari (Bruno Salomone, qui ne voit rien venir) ou à son amie cantatrice (Valérie Donzelli, dans l’un de ses caméos inouïs). C’est peut-être le mystérieux escroc incarné par Nadav Lapid qui la comprend le mieux.

Antoine Barraud mise tout sur un scénario à combustion lente mais aussi sur la réflexion du spectateur, livré à un jeu de piste dont il ne maîtrise pas les termes. Le personnage de Virginie Efira se consume et tout le monde dans son entourage veut lui demander des comptes. On frôle le vaudeville lorsque Jacqueline Bisset (qui joue sa mère) s’exclame « il y a un terrible malentendu ! » et manque de s’évanouir. Dans la salle, certains s’esclaffent : ceux qui ont compris. À moins, justement, que ce ne soit ceux qui pataugent encore.

Bande-annonce

22 décembre 2021D’Antoine Barraud, avec Virginie Efira, Bruno Salomone et Quim Gutiérrez.




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