still_le-plongeur

LE PLONGEUR

Stéphane, 19 ans, rêve de devenir illustrateur. Accro aux jeux d’argent, il s’engouffre dans une spirale infernale. Endetté, sans appartement, fuyant ses amis à qui il doit de l’oseille, il trouve un job de plongeur au restaurant La Trattoria pour s’en sortir.

Critique du film

Adaptation du roman québécois éponyme sorti en 2017 et ayant raflé plusieurs prix littéraires, Le Plongeur, nouveau film de Francis Leclerc, commence par une très belle scène d’ouverture, avec mouvements de caméra virtuoses, qui lorgne un peu du côté de Martin Scorsese. Cet héritage se reconnaît à certains effets de style comme ces arrêts sur images avec voix off, nombreux dans Les Affranchis, et il y a également une allusion au metteur-en-scène américain lors d’un échange concernant le livre Gangs of New York, adapté au cinéma en 2002, année où Le Plongeur se déroule. En poussant l’analyse plus loin, on décèlera aussi des thèmes communs, comme ceux de l’addiction ou de l’aliénation par un travail répétitif ou dangereux, dont le quotidien est évoqué avec une vision sombre ou inquiétante, comme dans À tombeau ouvert

Cet apparentement à un grand cinéaste n’empêche nullement le film de trouver sa propre identité et de constituer une très jolie surprise. Dans un univers apparemment anodin, une cuisine de restaurant, on sent naître une tension qui monte, un suspense qu’on trouvait récemment aussi dans le long-métrage The Chef de Philip Barantini, avec lequel Le Plongeur partage aussi une certaine vision sociale et des rapports humains dans le milieu professionnel de la restauration. Il est donc ici question d’addiction, celle aux jeux d’argent et mais aussi à la drogue, de vies qui pourraient basculer, d’amitiés et d’amours qui se nouent pour le meilleur et pour le pire. Les personnages sont attachants dans leur imperfection, leur vulnérabilité et parfois leur faiblesse, sans jamais se montrer totalement mauvais ou malfaisants. Jamais Francis Leclerc n’évoquera leurs failles avec complaisance et dans une forme d’apitoiement. 

Formellement, Le Plongeur bénéficie d’une très belle photographie, d’un montage efficace et d’une riche bande son qui réunit Iron Maiden, Neil Young, Prodigy, Radiohead ou Ben Harper, parmi tant d’autres. Le scénario reste constamment crédible et les interprètes servent habilement leurs personnages, qu’il s’agisse de Henri Picard dans le rôle principal ou de Charles Aubey-Houde, Maxime de Cotret ou Joan Hart. Présenté en compétition au Festival D’Angoulême, Le Plongeur est une belle découverte, intense et prenante qui n’en oublie pas de s’offrir une certaine forme de légèreté.

Bande-annonce

3 janvier 2024De Francis Leclerc, avec Henri Richer-PicardCharles-Aubey HoudeJoan Hart




%d blogueurs aiment cette page :