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LE NOM DE LA ROSE

En l’an 1327, dans une abbaye bénédictine, des moines disparaissent. Un franciscain, Guillaume de Baskerville aidé du jeune novice Adso von Melk mène l’enquête. C’est l’époque où l’Eglise, en pleine crise, se voit disputer son pouvoir spirituel et temporel. C’est aussi l’apogée de l’inquisition. Un thriller moyenageux très attendu préparé avec soin pendant trois ans, respectant le mieux possible l’époque et qui a coûté la bagatelle de dix-neuf millions de dollars. C’est également un film de Jean-Jacques Annaud toujours passionnément entraîné par ses sujets.

Critique du film

Adaptation à succès du roman non moins acclamé d’Umberto Eco, Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud était pourtant invisible depuis plusieurs années. C’est donc une joie de pouvoir enfin revoir sur grand écran, dans un très belle copie restaurée (meilleure que la version en 35 mm d’origine aux dires du réalisateur), ce classique des années 1980.

Jean-Jacques Annaud est un cinéaste comme on n’en fait plus, un réalisateur éminemment populaire mais dans le bon sens du terme, livrant des films grand public d’une grande qualité et faits avec intelligence. Annaud a toujours osé prendre des risques, relever des défis pour offrir des films jamais vus, souvent spectaculaires, et impeccables visuellement. Le réalisateur a toujours su tirer le meilleur de la technique à chaque époque, mais en restant un véritable artiste artisan, pour livrer des films qui respirent la sincérité et où l’émotion est bien réelle.

Le Nom de la rose correspond en tous points à la définition du cinéma de Jean-Jacques Annaud. Lorsqu’il décide d’adapter le roman d’Umberto Eco, le pari n’est pas gagné et il doit convaincre les producteurs de financer ce polar médiéval au cœur d’une abbaye. L’adaptation d’un best-seller est toujours complexe, et le scénario a connu de nombreuses versions avant d’aboutir à celle qui sera portée à l’écran. Et, comme l’indique le début du film, Jean-Jacques Annaud assume parfaitement une adaptation libre, plus cinématographique, et dans laquelle il peut laisser sa propre empreinte.

le nom de la rose

Le Nom de la rose apparaît ainsi comme un film assez unique, sorte de polar horrifique au cœur d’un conte moyenâgeux doublé d’une satire sur l’obscurantisme. Si le film a, au début, presque des allures de burlesque avec ce Sherlock Holmes franciscain accompagné d’un Watson novice, taclant l’absurdité des règles de l’Eglise, il glisse progressivement vers une ambiance beaucoup plus angoissante au fur et à mesure que les cadavres de moines se multiplient. Le film prend aussi parfois des allures fantastiques, comme dans la labyrinthique bibliothèque, ou flirte avec la romance avec l’histoire entre le novice et la paysanne qui imprègne tout le film de son émotion alors même qu’elle n’occupe, en termes de durée, qu’une petite partie du film. Jean-Jacques Annaud joue parfaitement avec les contrastes, qui ne font qu’appuyer le fossé entre l’Eglise et les paysans, tout en arrivant assez admirablement à donner une cohérence à l’ensemble.

Comme on l’a dit précédemment, nous sommes chez Annaud, le film ne peut donc être que techniquement parfait. Les décors, aussi bien réels qu’en studio, sont magnifiques (les escaliers de la bibliothèque en sont le point d’orgue) et encore sublimés par la photographie de Tonino Delli Colli, particulièrement dans les clairs-obscurs créés par la lumière de la lune ou le feu des lanternes. La musique de James Horner accompagne quant à elle parfaitement le film par son mysticisme angoissant, mais sachant se faire plus lyrique quand il se doit.

Côté casting, si Annaud ne voulait au départ pas d’un acteur connu, il cède finalement devant l’insistance de Sean Connery et son charisme indéniable. L’acteur offre un jeu très subtil à ce personnage d’enquêteur en apparence imperturbable mais dont on ressent toute l’intelligence et les émotions transparaitre. À ses côtés, du haut de ses 16 ans, Christian Slater prête son regard candide à un novice confronté à la réalité insoupçonnée de l’obscurantisme. Parmi le reste de la distribution (sans fausse note), on retiendra Ron Perlman en bossu tout droit sorti d’un récit moyenâgeux et F. Murray Abraham en inquisiteur à la limite du caricatural.

Par toutes ces indéniable qualités, Le Nom de la rose a réussi sans problème le défi de résister aux années et, presque 40 ans après sa sortie, il reste un grand film populaire qu’on prend grand plaisir à redécouvrir.


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