The Invisible Man (2020)

INVISIBLE MAN

Cecilia Kass est en couple avec un brillant et riche scientifique. Ne supportant plus son comportement violent et tyrannique, elle prend la fuite une nuit et se réfugie auprès de sa sœur, leur ami d’enfance et sa fille adolescente. Mais quand l’homme se suicide en laissant à Cecilia une part importante de son immense fortune, celle-ci commence à se demander s’il est réellement mort. Tandis qu’une série de coïncidences inquiétantes menace la vie des êtres qu’elle aime, Cecilia cherche désespérément à prouver qu’elle est traquée par un homme que nul ne peut voir. Peu à peu, elle a le sentiment que sa raison vacille…

Critique du film

The Invisible Man aurait pu être un quelconque film d’angoisse, sorte d’hommage remastérisé de la version (désormais kitch) de Paul Verhoeven, cuisiné à la sauce Jason Blum. Mais si on a bien appris quelque chose de la boîte de prod du monsieur, justement, c’est sa capacité à parfois (souvent, même) nous surprendre. 

Recrutant Leigh Whannell (collaborateur de James Wan, à qui on doit un médiocre épisode d’Insidious, dans le genre horrifique), Blumhouse et Universal continuent de faire perdurer l’univers cinématographique des monstres Universal, qui, malgré l’écumage des générations, continue à fasciner (on pense à Dracula, le loup-garou, ou Frankenstein). Mais pourtant, comme son nom l’indique, l’homme visible est humain. C’est ce qui fait que c’est un monstre, on va pas vous le cacher.

Porté par une Elisabeth Moss éblouissante et saisissante, au jeu profond et en constante torsion, The Invisible Man est un petit bijou qui résiste habilement aux clichés l’entourant. Il fait peur, prend au tripes et cultive son mystère, sans tomber dans la surenchère et l’incohérence. Il est invisible, mais pas aux yeux de Cécilia. Le personnage, qu’on ne lâche pas d’une semelle, agit avec intelligence (ce qui n’est pas forcément évident dans un thriller horrifique) et n’est jamais trop longtemps le souffre-douleur de l’antagoniste invisible. 

Absolument brillant dans son exécution et empreint d’une tension constante de ce qui est suggéré à l’écran, jamais montré frontalement, The Invisible Man est une preuve de plus du flair indéniable de Blum (Jordan Peele et James Wan peuvent en témoigner). Le côté insaisissable des situations provoque chez le spectateur une imagination diabolique, une paranoïa. Entre les plans-séquences pesants, Whannell laisse flotter sa caméra, comme un spectre errant, une menace invisible. Il scrute la moindre parcelle de l’image et laisse le film construire son suspense. 

Invisible mais réel 

Derrière la violence graphique du film (interdit au moins de douze ans, tout de même) se glisse une prise de conscience moderne, qui prend le point de vue de la victime. The Invisible Man aborde les violences faites aux femmes dans le prisme de l’horreur, afin de montrer que, oui, l’agresseur est partout, tout le temps. Il est tout le monde. Toute la seconde partie du film avec une Elisabeth Moss délivrant sa plus grande partition d’acting, démontre à quel point le commun a l’indécence de négliger les victimes, de les aliéner, douter de leur bon sens. Et tout cela, c’est encore plus terrifiant qu’un homme invisible.

Bande-annonce

26 février 2020De Leigh Whannell, avec Elisabeth Moss




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