E.T. L’EXTRA-TERRESTRE
Une soucoupe volante atterrit en pleine nuit près de Los Angeles. Quelques extraterrestres, envoyés sur Terre en mission d’exploration botanique, sortent de l’engin, mais un des leurs s’aventure au-delà de la clairière où se trouve la navette. Celui-ci se dirige alors vers la ville. C’est sa première découverte de la civilisation humaine. Bientôt traquée par des militaires et abandonnée par les siens, cette petite créature apeurée se nommant E.T. se réfugie dans une résidence de banlieue.
Voyage aux confins de l’enfance
Il y a toujours quelque chose d’étrange à revoir les films de son enfance, on ne sait jamais vraiment si l’émotion que l’on ressent est liée au film ou à la nostalgie des souvenirs de nos jeunes années. Une confusion peut-être encore plus marquée avec E.T., l’extra-terrestre, œuvre incomparablement culte du cinéma familial des années 80. Tellement représentative des divertissements estampillés Spielberg & co de cette époque, elle ne peut que faire remonter beaucoup de souvenirs à la surface chez les enfants de cette décennie (et même au-delà, tant l’aura de ces productions aura envahi durablement les écrans et marqué nombre de jeunes générations). Mais n’y aurait-il pas au sein même du film de Spielberg une magie particulière qui fait retomber chaque spectateur en enfance ?
E.T. bénéficie indubitablement de l’incroyable savoir-faire de Steven Spielberg en matière de divertissement grand public. Le réalisateur vient de sortir Les Aventuriers de l’Arche perdue qu’il a développé avec un autre pape de l’entertainment, Georges Lucas, et est donc déjà rodé au genre, qu’il ne cessera de produire par la suite dans les années 80 via sa société Amblin, née du succès d’E.T. Le film en suit la recette à la lettre, avec sa famille ordinaire qui va être transportée dans des aventures extraordinaires, lorsqu’Elliott, le cadet d’une fratrie de trois, va faire la rencontre d’un gentil extraterrestre égaré sur notre planète et poursuivi par les autorités américaines.
E.T. possède sa bonne dose d’action, un scénario plein de suspens, mais aussi beaucoup d’humour et surtout des personnages incroyablement attachants, caractéristiques majeures de ce cinéma, et qui font sa force. Dans ce premier film de Spielberg destiné à un public aussi jeune, le réalisateur aura également su apporter la touche nécessaire de magie et de poésie indispensable pour émerveiller un jeune public ou pour ramener les adultes en enfance. Comme tout divertissement pour enfants, E.T. délivre une jolie morale, ici celle de l’amitié, de la tolérance, du pacifisme et de l’ouverture à ce qui nous est étranger.
L’âge d’or de l’imaginaire
Pour autant, contrairement au cinéma pour enfants d’aujourd’hui, l’univers d’E.T. n’est pas aseptisé et jouit d’une certaine liberté de ton. On voit ainsi l’extraterrestre s’enfiler plusieurs bières lorsqu’il se retrouve seul à la maison, et son ivresse se répercuter sur Elliott (avec qui il est connecté), alors en classe. Le genre même de scène qu’on imagine difficilement dans une production actuelle. Autre témoignage d’une évolution des mœurs, lors de la ressortie du film pour son 20e anniversaire, entre autres retouches (notamment d’effets spéciaux), les armes des policiers poursuivant les enfants ont été remplacées par des talkies-walkies. Spielberg regrettera cependant fortement ces changements par la suite, la version la plus répandue actuellement reste donc la version initiale.

Le film de Steven Spielberg prend dès lors une envergure particulière, celle d’une aventure qui paraît née de l’imaginaire d’un enfant, le spectateur retombant alors, le temps d’un film, dans un immense jeu d’enfant, où les extraterrestres sont des êtres sympathiques venant d’univers lointains fantasmés. Les aliens se seraient plutôt les adultes qui ont perdus toute capacité à rêver et qui ne voient en l’inconnu qu’une menace.
Plus qu’un simple film générationnel, E.T., l’extra-terrestre s’impose ainsi comme l’un de films majeurs pour enfants et surtout sur l’enfance. Sorti à une époque bénie de l’entertainment (dont on ne cesse encore aujourd’hui de dupliquer la recette, le succès de Stranger Things en étant la preuve la plus flagrante), le film de Spielberg n’est cependant pas qu’un divertissement de très bonne qualité, mais bien également le témoignage de l’enfant qui sommeille encore dans l’âme de son auteur. Ce qui est particulièrement précieux.