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DARK

Ce 27 juin débarque sur Netflix la troisième et ultime saison de Dark, l’occasion de revenir sur cette série allemande de SF qui impressionne par la qualité tant de son écriture que de sa mise en scène.

Prêts pour l’apocalypse ?

Dark s’ouvre sur une séquence de suicide qui impose d’emblée la noirceur extrême de la série et le caractère inéluctable de l’intrigue qu’elle va dérouler. On ne va pas prendre le risque d’essayer de résumer ici le synopsis, tant celui-ci est complexe, mais juste dire que la série revisite le voyage dans le temps pour en faire une tragédie moderne au sens propre du terme. Le cœur de la série est clairement ses (multiples) personnages, enfermés dans des destinés vouées à la destruction, mais essayant quand même de reprendre le contrôle de leurs vies. Dans Dark le fait de remonter dans le passé ne permet pas de réécrire le présent, au contraire, le temps élastique ne fait que renforcer le fait que tout est déjà écrit, que toutes les époques sont liées et que tous les événements du passé ne vont que concourir à la perte des personnages.

Théories

Dark doit une grande partie de sa réussite à la qualité de son écriture. Les voyages dans le temps sont souvent source de scénarios assez casse-gueule où se multiplient les incohérences. Il doit bien y en avoir quelques-unes ici, mais elles passent inaperçues au regard de l’extraordinaire maîtrise d’une intrigue qui multiplie les temporalités et les personnages (et les différentes versions de ces derniers) tout en conservant sa structure globale intacte, et ce y compris d’une saison à l’autre. Une telle complexité narrative pourrait laisser craindre une lisibilité peu évidente. S’il vaut mieux, il est vrai, ne pas trop se déconcentrer, la série arrive malgré tout à rester relativement fluide à regarder, grâce notamment à un montage impeccable facilitant grandement sa lecture.

Par ailleurs, elle peut être regardée de différentes façons. D’abord, en se laissant plutôt porter par son versant émotionnel, en s’attachant avant tout aux personnages (nombreux mais tous bien définis et fouillés) et à leurs intrigues personnelles. Ensuite, ceux qui le souhaitent pourront essayer d’étayer des théories en s’attardant sur les références métaphysiques, philosophiques, ou encore bibliques et mythologiques, disséminées un peu partout.

Enfin, il ne faut pas oublier le versant plus politique de la série. Bien que située dans une ville imaginaire (qui renforce du coup sa dimension universelle) et ne reniant pas sa part de fantastique, Dark n’en fait pas moins écho à la situation actuelle du monde. Avec la menace permanente de sa centrale nucléaire, une année 1986 qui a son importance (c’est l’année de la catastrophe de Tchernobyl), l’époque contemporaine charnière dans l’évolution des choses, et des personnages qui ne cessent de vouloir agir sur le passé pour éviter qu’un futur sombre ne se mette en place, Dark interroge sans conteste sur l’état actuel de l’humanité et de notre monde, des erreurs qui ont été commises et de l’importance de changer rapidement les choses s’il n’est pas déjà trop tard.

Une série qui porte bien son nom

Visuellement, Dark porte bien son nom, sa photographie, sublime, retranscrit parfaitement la noirceur et le désespoir de la série. Les séquences alternent les tons résolument froids avec des images plus chaudes mais où la lumière sera souvent atténuée et où les ombres domineront. La mise en scène ne laisse globalement rien au hasard, tout est fait pour assurer un continuité dans l’ambiance d’ensemble, tout en s’adaptant à l’émotion de l’instant, et permettre aussi au spectateur de se resituer rapidement dans chaque époque.

On soulignera également l’importance des décors qui, qu’ils soient naturels ou en studios, concourent à donner à la série son climat si particulier. Ils sont presque un prolongement des angoisses des personnages. Personnages par ailleurs portés par un casting impeccable qu’il ne faudrait pas oublier. D’autant que la partition n’est sûrement pas si simple à jouer qu’elle en a l’air, notamment par la pluralité des acteurs jouant le même rôle (à des époques différentes). Chacun a su sonder la complexité de son personnage, en faire ressortir toutes ses aspérités, et le défendre haut la main.

C’est donc peu dire que l’on attend avec impatience le dernier cycle de Dark. La fin de la saison deux nous avait offert un twist qui nous avait laissé dans un premier temps perplexes mais qui, avec le temps, paraît finalement assez logique et a su éveiller notre excitation. Par ailleurs, la confirmation que cette troisième saison serait bien la dernière a de quoi rassurer, les créateurs ne tireront pas en longueur le concept de Dark. La cohérence jusqu’alors parfaite de la série devrait donc également être de mise pour ce dernier chapitre. Prêts pour l’Apocalypse ?

 Saison 3 disponible le 27 juin 2020 sur Netflix


L’ultime saison le confirme, Dark est une grande série sur les voyages spacio-temporels, à l’écriture et à la mise en scène maîtrisées de bout en bout et portée par une solide interprétation collective.




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