bilan 2023 – series (1)

BILAN | Nos séries préférées en 2023

L’année 2023 approche de son terme. C’est l’heure du bilan. Quelques jours avant de boucler notre TOP Cinéma, les membres de la rédaction vous propose une sélection des meilleures séries de l’année qui se termine, à découvrir sur les différentes offres payantes et légales dans l’hexagone.

PACHINKO

pachinko

AppleTV – 8 épisodes (50mn)

Même si sa sortie n’a pas fait grand bruit dans nos contrées, c’est pourtant un petit bijou qui se cache pourtant sur Apple TV depuis la fin de l’année précédente. Déjà renouvelée pour une seconde saison, qui devrait nous parvenir en 2024, la série Pachinko (adaptée du roman du même nom) livre un somptueux et bouleversant récit de résilience, d’exil et de sacrifice. Cette fresque familiale, où l’intime se mêle au récit politique et historique, voit différentes époques et récits générationnels s’imbriquer à merveille grâce à son écriture soignée et son montage savamment orchestré. Quelques épisodes suffisent à nous attacher profondément à Sunja, fabuleuse héroïne campée par l’expérimentée Youn Yuh-jung (récemment oscarisée pour Minari) dans sa dernière tranche de vie, mais aussi par la remarquable Minha Kim, véritable révélation qui irradie l’écran grâce à une partition à la fois sensible et puissante. Sincère dans sa présentation authentique qui s’étend sur trois continents et trois langues, portée par les cinéastes sud-coréens Kogonada et Justin Chon (producteurs exécutifs et réalisateurs), Pachinko est sûrement l’une des plus belles fictions télévisées de ces dernières années et l’un des secrets les mieux gardés de la plateforme à la pomme. – TP

1923

1923

Paramount+ – 8 épisodes

Dernière série née de l’univers de son créateur Taylor Sheridan, 1923 poursuit ce portrait familial autour du visage d’Harrison Ford et d’Helen Mirren. Après avoir raconté l’itinéraire qui a conduit les Dutton dans le Montana dans 1883, il est ici question d’enracinement dans un territoire, de la naissance d’un empire. Ce moment est symbolisé autour du patriarche Jacob, joué par un Ford qui poursuit cette trajectoire passionnante où il assume son corps vieillissant, allant jusqu’à développer un dialogue avec le spectateur sur l’étape de sa vie dans laquelle il se trouve, et la question de la mort pour une icône, que ce soit dans la fiction ou le monde réel. Les rebondissements et la qualité de l’écriture sont au niveau des séries précédentes, avec un double récit qui fait naviguer entre deux eaux, le Montana mais aussi l’Afrique subsaharienne, autour du très beau personnage qu’est Spencer Dutton. Avec une seule saison, de belles promesses sont au menu de la suite de ces aventures familiales. – FB

Sambre

sambre série

France TV – 6 épisodes (55mn)

C’est l’histoire du plus grand prédateur sexuelle française. Ou plutôt des femmes qu’il a agressées et violées – elles sont plus d’une cinquantaine -, des angles morts de la police locale, de la persévérance d’une juge, d’une maire, d’une géomaticienne, d’un commissaire… « Sambre », du nom de la rivière qui traverse la France et la Belgique aux abords desquels les viols ont été commis, retrace, en six épisodes, trente années d’errements d’une enquête et de destins bouleversés. La mini-série, réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, qui évite le sensationnalisme, montre comment un criminel a pu agir dans l’impunité la plus totale. Au-delà du récit de fait divers, elle montre différentes formes que peut revêtir la culture du viol. Edifiant. – FR

Un meurtre au bout du monde

un meurtre au bout du monde

Disney+ – 7 épisodes (55mn)

Il fallait bien tout le talent de Brit Marling et Zal Batmanglij pour dépoussiérer un genre aussi balisé que le whodunnit sous influence ‘’Agatha Christie’’. Avec Un meurtre au bout de mondeles créateurs de The OA parviennent à insuffler leur poésie de l’étrange à une classique histoire de meurtre en huis clos. Outre le décor islandais qui ajoute une aura mystique à l’intrigue, la minisérie ne cesse de déjouer les attentes. Sous couvert d’une enquête policière (fort stimulante à vrai dire), le spectateur assiste avant tout au parcours émotionnel et existentiel de son héroïne, Darby, formidablement interprétée par Emma Corrin. Le récit navigue ainsi entre présent et souvenirs de Darby dans un double mouvement, rappelant sans cesse que l’être humain passe à côté de l’essentiel la majeure partie de son existence. Déchirant. – AR

D’argent et de sang

d'argent et de sang

Canal+ – 6 épisodes (50min)

Il y a des sujets que l’on ressasse et qui passionnent toujours. Lorsque Canal+ diffusa D’argent et de sang en cette fin d’année 2023, la peur de la redite se dissipa en un claquement de doigts. La réussite probante du format est de parvenir à expliquer en quelques minutes la tentaculaire escroquerie à la taxe carbone, sans perdre de vue le potentiel cinématographique captivant de cette arnaque sans précédent. Entre Belleville et le 16ème arrondissement, entre la France et Israël, entre les coups frontaux de la police et les imperceptibles données de tableurs Excel, l’entrechoc des générations, des camps et des classes sociales distille un terrain de jeu fertile à la caméra du Césarisé Xavier Giannoli. Son style proche de son idole Martin Scorsese fait des merveilles, tant dans l’approche terre à terre des situations que dans la manière de cadrer le récit, le rendre vivace sans verser dans l’éparpillement gratuit ou offensant. La deuxième partie de la série est prévue pour le premier trimestre 2024 sur les ondes du groupe Canal, et il est difficile de ne pas avoir hâte de la découvrir. – TB

Succession

Succession saison 6

Prime Video – 10 épisodes (45mn)

Cette année a été celle des adieux avec la famille Roy. Dynastie conservatrice et chaotique que l’on a suivie depuis 2018, elle a été marquée cette année par son implosion. Bien que l’on puisse regretter un final trop inévitable, à ce sens où elle apparaissait comme presque programmatique dans sa structure, la série de Jesse Armstrong a su maintenir une écriture hautement complexe et incisive pour dépeindre la vie de ces ultra-riches que l’on adore détester. L’épisode « Connor’s Wedding » parvient à marquer les esprits de son public dans un tour de montagnes russes haletant et important pour la suite de cette conclusion. On n’avait jamais vu les enfants Roy aussi unis, avec l’espoir de voir maintenir cela jusqu’au bout… La chute vertigineuse n’en sera que plus violente. Une saison tragique, ambiguë et violente ; concluant l’une des meilleures séries de ces dernières années. – VVdK

La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé

série Xavier Dolan

Canal+ – 5 épisodes (1h)

Pour sa première incursion dans le format de la mini-série, Xavier Dolan adapte une nouvelle fois une pièce de Michel Marc Bouchard, près de dix ans après Tom à la ferme. On retrouve d’ailleurs, dans La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, une tension et une violence comparables, peu communes dans le reste de l’œuvre du réalisateur. La série raconte l’histoire d’une famille dysfonctionnelle hantée par un secret et où la communication semble rompue, et n’est ainsi pas sans rappeler Juste la fin du monde. Les cinq heures que dure au total la série permettent à Dolan de développer nombre de ses thématiques habituelles mais surtout de dresser des portraits approfondis de personnages tous écorchés par la vie. Le réalisateur a également parfaitement réussi à s’adapter à la rythmique d’une série, aussi bien dans son ensemble que dans le découpage de chaque épisode. Il a notamment eu l’intelligence de ne pas utiliser comme moteur le seul suspense de la révélation du secret (que s’est-il passé pendant la fameuse nuit évoquée dans le titre ?), en fournissant d’emblée au spectateurs des indices majeurs. La mise en scène est comme d’habitude inspirée et d’une très grande précision, le casting pour le moins talentueux (certains acteurs reprennent d’ailleurs le rôle qu’ils tenaient déjà sur les planches), et la partition de Hans Zimmer et David Flemming achève de nous immerger totalement dans l’ambiance particulière de ce thriller familial et sociétal. Les amateurs du réalisateur ne seront clairement pas déçus. – FG

Makanai

makanai

Netflix – 9 épisodes (45min)

En adaptant un manga populaire d’Aiko Koyama, Hirokazu Kore-eda nous entraîne au sein d’une maison de geisha pour suivre la formation de deux jeunes filles, Kiyo et Sumire. Inséparables et pourtant très différentes, les deux adolescentes vont s’initier aux arts lyriques et dramatiques ainsi qu’à la danse dans cette communauté aux traditions anachroniques. Ce contexte permet au réalisateur japonais d’explorer un peu plus un thème qui lui est cher, celui de la famille de substitution, ici composée des jeunes apprenties et de leurs tutrices. On se passionne pour le parcours des deux amies, l’une au talent inné et trouvant rapidement sa place parmi les maiko (apprenties geisha), et l’autre se découvrant un don pour la cuisine avec laquelle elle apporte un réconfort permanent à ses camarades (et aux téléspectateurs !). Chaque épisode réchauffe le cœur comme les plats mijotés et on se surprend après chaque générique de fin à chercher les recettes pour espérer goûter aux délices aperçus à l’écran. Avec Makanai : Dans la cuisine des maiko, le réalisateur d’Une affaire de famille signe une fresque d’une élégance rare, loin des préjugés occidentaux sur le statut des geisha, lequel après être longtemps tombé en désuétude, connaît un regain d’intérêt chez la jeune génération japonaise. Une série profondément attachante et d’une douceur exquise. – GP

Acharnés

acharnés beef

Netflix – 8 épisodes

Portrait d’un pays brisé par des relations sociales au plus bas, la production A24 Acharnés suit Steven Yeun et Ali Wong dans une lutte on ne peut plus stupide qui a commencé comme n’importe quelle journée débutée du mauvais pied : un doigt d’honneur au volant. Rares sont les mini-séries Netflix à frapper si justement. Acharnés (Beef dans sa langue originale) hyperbolise les maux de notre société à leur paroxysme, proposant une satire de la bourgeoisie et de la classe moyenne américaines. Les Etats-Unis sont encore plus pressés, plus égoïstes et plus violents, et le moindre geste de travers prend des proportions gigantesques. Au travers de ses acteurs habités et d’une écriture de personnages raffinée, Acharnés nous offre un tourbillon d’émotions rares, de la dépression à l’espoir en passant par la rage. Lee Sung Jin réussit à sublimer sa série au fil des épisodes, jusqu’au final profondément intime finissant de développer ces deux personnages qu’on déteste adorer (ou qu’on adore détester). – AdR

Valeria

acharnés beef

Netflix – 24 épisodes

Présenté comme le « Sex and The City espagnol », l’adaptation de la série littéraire à succès En los zapatos de Valeria d’Elísabet Benavent avait de quoi susciter beaucoup d’appréhension. Non contente de recycler la marotte d’une bande de quatre copines partageant tout (voir parfois trop), le ton résolument décomplexé choisi pour parler de sexualité rappelait de trop le show culte d’HBO. Pourtant, réussissant à s’extirper de toutes ces attentes par une fraicheur d’écriture, ainsi que l’interprétation formidable de ses quatre actrices principales, Valeria est un petit bijou de plaidoyer de femmes pour les femmes. Qu’il s’agisse de pratiques sexuelles ou de questionnements de couple, de place de la femme dans la société ou encore de patriarcat à encore et toujours combattre, la série excelle là où celle de Darren Starr pataugeait pour atteindre des sommets de sexisme et d’homophobie. On retiendra notamment le formidable épisode « Eu estava lá » (J’y étais) de la troisième saison qui, sur fond de marche du 8 mars, raconte avec une vibrante émotion l’adolescence de ces quatre madrilènes. Truffé d’humour et de morceaux de musique venus des quatre coins d’Europe, on attend avec impatience le quatrième volet des aventures de Valeria, Lola, Carmen et Nerea. – EM

The Crown

The Crown saison 6

Netflix – 10 épisodes (50min)

Difficile enfin de ne pas évoquer la fin de l’une des séries phares de Netflix, si ce n’est la plus emblématique : The Crown. Fiction de très haut standard initiée par Peter Morgan, la série aura narré durant six saisons le règne historique d’une des grandes figures de notre époque moderne, Elizabeth II. De son accession au pouvoir à la fin de son règne, et sa disparition, subtilement évoquée dans un final poétique, elle aura toutefois été vampirisée par une autre icône britannique, Diana Spencer. Lady Di a en effet suscité autant de fascination durant les trois saisons où elle apparait, de son mariage avec le Prince de Galles au terrible accident ayant causé sa mort à Paris. Pour l’incarner, la production a eu la judicieuse idée de caster Elizabeth Debicki qui livre une prestation absolument saisissante dans la peau de la princesse du peuple. Rarement on n’aura vu Diana aussi bien représentée à l’écran. Ainsi, les quatre premiers épisodes de la sixième saison captivent et figurent parmi les arcs narratifs les plus passionnants de The Crown. Sa disparition semble laisser un grand vide, tant dans la vie des protagonistes que dans le rythme de ce dernier chapitre qui peine à retrouver un équilibre. – TP




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