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THE NOVICE

Alex Dall, jeune fille solitaire et dévorée par un besoin de réussir, décide de s’inscrire au club d’aviron de son université. Dès son arrivée, elle veut rejoindre le meilleur équipage par tous les moyens, y compris dépasser ses propres limites physiques et mentales quitte à se mettre ses coéquipières à dos.

Critique du film

Si The Novice est le premier long-métrage en tant que réalisatrice pour la texane Lauren Hadaway, elle a déjà une longue carrière de technicienne, notamment dans le montage sonore, sur de très grosses productions comme Justice League (2017) ou Les 8 Salopards (2015) de Quentin Tarantino. Mais le travail qui résonne le plus dans ce premier film est sans doute la collaboration effectuée avec Damien Chazelle pour son Whiplash (2014), monument de sadisme doloriste qui avait fait débat à sa sortie pour son accent porté sur la souffrance d’un jeune artiste, répétant jusqu’à l’épuisement ses gammes de batteur de jazz. The Novice reprend ce schéma narratif, cette fois dans la pratique de l’aviron.

Le rapprochement parait évident : Alex est une « freshman », une première année à l’université, avec un état d’esprit extrêmement concurrentiel. La découverte de l’aviron comme activité complémentaire à son cursus n’est qu’un prétexte pour nourrir un monstre qui empoisonne toute la vie de cette jeune femme. Solitaire et obsédée par la performance, le moindre challenge active une soif de victoire et un besoin de reconnaissance hors du commun qui dégénère jusqu’à provoquer des comportements pathologiques. Whiplash exaltait ce sacrifice jusqu’à faire saigner les mains d’un personnage qui s’isolait pensant que c’était la meilleure des solutions pour devenir accompli dans son art. The Novice joue également avec la santé de sa protagoniste, jusqu’à la folie.

The Novice
La mise en scène de Lauren Hadaway souligne plus cette descente aux enfers que ne le faisait Damien Chazelle. Si le schéma semble tout d’abord très linéaire, on suit le calendrier universitaire, des premiers entrainements jusqu’au printemps et les échéances scolaires classiques, le montage très syncopé crée des pans proches de l’hallucination, retraçant au plus près l’expérience que vit Alex dans son acharnement à devenir la meilleure. Le rapport au corps est au moins autant traumatique que le traitement dévolu au mental chez cette jeune femme : les blessures sont camouflées pour ne pas briser un élan précaire. Si elle travaille beaucoup, le leitmotiv qui revient inlassablement est qu’elle n’est pas initialement la plus douée. Ce constat qui borde tout son parcours depuis le lycée la pousse à toujours en faire plus pour compenser son déficit naturel.

Au-delà du masochisme physique, il y a également un constat terrible de désocialisation chez Alex. Elle n’a aucune amie, pire elle réussit à s’aliéner toute personne essayant d’être proche ou de s’intéresser à son existence. C’est dans la forme et dans les conséquences de tout ce discours que les chemins divergent avec Whiplash : l’autrice ne fait pas l’apologie du sacrifice comme fin absolue à la réussite. Tous les interlocuteurs de son personnage la mettent en garde contre ses excès, et tout la porte à une prise de conscience sur le fait que la recherche d’un équilibre de vie est préférable à cette ascèse radicale qui dévitalise son existence.

The Novice constitue une jolie surprise, tant sur le fond que dans sa mise en œuvre visuelle, proposant un itinéraire de vie chaotique qui s’achève sur un épuisement total. Le plan d’eau se mue en un enfer de tous les instants où l’élément aquatique se mêle au sang pour former un tourbillon terrifiant qui engloutit une jeune femme en perte de contrôle.

Bande-annonce

11 janvier 2023De Lauren Hadaway, avec Isabelle Fuhrman, Amy Forsyth et Dilone




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