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OSS 117 : ALERTE ROUGE EN AFRIQUE NOIRE

1981. Hubert Bonisseur de La Bath, alias OSS 117, est de retour. Pour cette nouvelle mission, plus délicate, plus périlleuse et plus torride que jamais, il est contraint de faire équipe avec un jeune collègue, le prometteur OSS 1001.

Critique du film

OSS 117 a-t-il encore sa place dans notre monde ? Après tout, qui a envie de retrouver à l’écran un espion chauvin capable de sortir les pires horreurs sur le monde qui l’entoure ? Douze ans après l’aventure à Rio du célèbre agent, le cinéaste Nicolas Bedos souhaite apporter une réponse à cette question. Lui, qui semble vouloir faire des films pour les spectateurs et pas pour Twitter, ressuscite Hubert Bonisseur de La Bath au profit d’un humour rance qu’on tente d’adoucir en le qualifiant d’impertinent. Mais comme on le sait dans tout film fantastique qui se respecte, une résurrection implique obligatoirement un sacrifice tragique. Et ici, celui que l’on sacrifie est bien l’esprit de OSS 117.

L’écriture de Jean-François Halin, toujours impliqué dans ce nouveau volet, était d’une démarche implacable. En se réappropriant le célèbre espion imaginé par Jean Bruce à la fin des années 40, il avait trouvé un avatar parfait que l’on plaçait au coeur d’intrigues satiriques sur la politique française. La mise en scène de Michel Hazanavicius avait recours à la pastiche (notamment du style du film d’espionnage de l’époque) pour créer un décalage entre le personnage principal arrogant et xénophobe que l’on suit et les changements de la société dans laquelle on vit. Un décalage où l’on devine aisément le second degré amer qu’instaure le duo.

Malheureusement, comme tout anti-héros sur qui l’on braque les projecteurs, ce qui était alors second devient du premier degré pour de nombreux fans. Hubert, aux côtés de Rick Sanchez ou de Bojack Horseman (pour citer des figures anti-héroïques idôlatrées du public), n’est donc plus une figure ridicule mais bien une figure sympathique et aimée au détriment de la volonté initiale des auteurs. Nicolas Bedos devait faire partie des admirateurs de cet humour puisque en remettant OSS 117 devant la caméra, il en oublie le recul nécessaire et vampirise le scénario de Halin avec sa caméra.

OSS 117 alerte rouge en afrique noire

On le sait, le réalisateur de La Belle Époque et Monsieur & Madame Adelman est un amoureux inconditionnel de cinéma, comme le montre son Vidéo-Club Konbini où il admire aussi bien Milos Forman que Moi, Tonya. OSS 117 est ainsi devenu pour lui l’occasion d’allier irrévérence et film d’aventure. Hélas, l’impertinence de l’écriture ne s’allie pas au sérieux de la mise en scène. La réalisation ne créé pas un décalage avec les saletés émises par OSS, elle les accompagne. Les personnages qui gravitent autour et qui sont censées incarner des changements politiques et sociales, dont un jeune agent joué par Pierre Niney, s’effacent progressivement pour laisser alors triompher la bêtise de Hubert. La satire installée par ce que le film raconte, à savoir l’aide de la France à empêcher des révolutionnaires de chasser un dictateur du pouvoir, passe alors inaperçue au milieu d’une multitude de blagues vaseuses qui provoquent l’ennui.

Au final, OSS 117 – Alerte rouge en Afrique Noire n’est pas à la hauteur de la technicité irréprochable de Nicolas Bedos. À force de vouloir conserver au pied de la lettre l’esprit de son personnage, il finit par en perdre celui d’une franchise.

Bande-annonce

4 août 2021De Nicolas Bedos, avec Jean DujardinPierre Niney




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