Jeremy Irons, Juliette Binoche

FATALE

La vie de Stephen Fleming, un parlementaire conservateur récemment promu secrétaire d’Etat, va être bouleversée par sa rencontre avec Anna Barton, amie de son fils, au cours d’une réception à l’ambassade de France…

Critique du film

Tourné en 1992 et avant-dernier film de Louis Malle, Fatale est l’adaptation d’un roman de Joséphine Hart, écrivaine irlandaise. Œuvre sur la passion amoureuse, le désir et l’obsession charnelle pour un être dont on ne sait finalement peu de choses. 

Si Fatale ne fait pas partie des meilleures œuvres de Louis Malle, il tire remarquablement profit de ses interprètes : Jeremy Irons en homme faible et aveuglé par sa passion autodestructrice, Juliette Binoche dans le rôle, assez inhabituel, d’une femme qui reste mystérieuse malgré les révélations qui sont faites sur son passé, et Miranda Richardson, en femme trahie et blessée, contribuent beaucoup à faire oublier qu’on a affaire à un film somme toute mineur de la part du réalisateur du Feu follet ou d’Atlantic City. Notons que Miranda Richardson obtint d’ailleurs un British Academy Film Award et des nominations aux Oscars et Golden Globes pour sa prestation. 

Réussite formelle et étrangeté

La réussite formelle de Fatale doit aussi beaucoup à la photographie de Peter Biziou, chef opérateur gallois qui a collaboré sur certains films d’Alan ParkerThe Wall, Mississippi burning – et sur 9 semaines et ½. Son travail met en valeur l’aspect feutré, élégant du film, qualités qui viennent en contrepoint avec la violence de cette relation passionnelle, hors norme, dont l’étrangeté est soulignée par la musique de Zbigniew Preisner.  

Cette étrangeté découle à la fois de cette contradiction entre les intérieurs cossus, l’élégance des personnages et la violence de leurs actes mais également de l’aveuglement de Fleming, que joue Jeremy Irons. Quand celui-ci réalise à plusieurs reprises qu’il se trouve dans une impasse, les décisions qu’il prend et la vision qu’il a de la situation paraissent aberrants et laissent présager une issue forcément malsaine, déstructurante. Pour assouvir sa passion, Fleming court des risques dont le pire serait de blesser les siens de façon irréversible. De même, Anna Barton, interprétée par Juliette Binoche, traumatisée par un drame intime réalise-t-elle réellement ce que cette relation risque de provoquer ? On sent très vite que quelque chose ne va pas chez ce personnage. « Les gens meurtris sont dangereux, ils savent qu’ils peuvent survivre », dit Anna à Fleming. Et cette survie se fait parfois au détriment de l’autre.

Film sur la passion dans ce qu’elle a de plus destructeur, pour soi et pour les autres, Fatale, conserve une grande part de son mystère et bénéficie d’une fin énigmatique assez originale.


Disponible en Blu-Ray dès le 5 mars (édit. Studio Canal – exclusivité FNAC)




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