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CHUNGKING EXPRESS

L’histoire de deux flics laches par leur petite amie. Le matricule 223 qui se promet de tomber amoureux de la premiere femme qui entrera dans un bar a Chungking House ou il noie son chagrin. Le matricule 663, qui chaque soir passe au Midnight Express, un fast-food du quartier de Lan Kwai Fong, acheter a la jolie Faye une « Chef Salad » qu’il destine a sa belle, une hotesse de l’air. 

Critique du film

Parfois, les meilleurs films naissent dans des conditions hostiles (ou peu propices) à leur émergence. Ce fut le cas d’Apocalypse Now et de son tournage infernal ou encore des prises de risque de Werner Herzog pour tourner certains plans d’Aguirre. Dans un autre registre, Chungking Express relève de l’exploit : alors que le montage des Cendres du Temps se termine et qu’il n’a rien à faire en attendant la sortie du film prévue deux mois plus tard, Wong Kar-Wai décide de meubler son temps libre en écrivant un scénario et en le mettant en images dans la foulée, sur trois semaines, en pleine ville et avec un budget très réduit – 600 000 dollars à peine.

Filmé de nuit pour bénéficier de l’éclairage artificiel des rues et des magasins, Chungking Express se décompose en deux parties : la première qui suit parallèlement le matricule 223 – qui vient de se faire plaquer par sa petite amie et qui déprime dans un bar – et une femme qui tente de survivre dans le milieu de la drogue ; la deuxième se concentre sur un autre couple : le matricule 663, lui aussi seul, et Faye, une jeune femme qui sert à un snack bar et qui écoute en boucle une seule chanson, California Dreamin’ donc.

Deux flics dans la nuit

Ce scénario peut paraître classique, mais l’important n’est pas ici. Ce qui intéresse Wong Kar-Wai est avant tout de développer au maximum ses personnages, de les filmer en train de déambuler dans les rues, parler entre eux ou disserter en voix-off. Caméra à l’épaule, le cinéaste hongkongais rythme son film comme personne. Dans la première partie, la plus tendue, il n’hésite pas à alterner scènes de fusillades et moments de calme dans un Hong-Kong sauvage et désordonné, ce qui happe le spectateur ; dans la deuxième partie, plus calme, il multiplie les moments intimistes et entraînants. Le tout donne au film une ambiance extraordinaire.

En peu de temps, WKW installe une ambiance mélancolique et onirique qui ne lâchera pas le spectateur. Contemplatif sans trop l’être, Chungking Express développe des personnages qui cherchent à trouver leurs places dans la vie et dans cette ville surpeuplée, et ce, quelques soient leurs métiers ou leurs aspirations. Les personnages se croisent, se parlent, se plaisent, se cachent des choses et vivent leurs vies ; grâce à la fluidité des dialogues et à cette fantastique distribution. Les acteurs principaux sont tous excellents, Takeshi Kaneshiro et Tony Leung Chiu-Wai en policiers paumés et Brigitte Lin et Faye Wong dans les rôles féminins – mention spéciale à cette dernière qui illumine l’écran par sa présence et son naturel désarmant. La réalisation est incroyable de maîtrise, que ce soit au niveau de la mise en scène, du montage ou de la photographie. Seul le début du film manque de rythme, mais ce n’est qu’un problème mineur.

Un film brillant et magnifique, encore actuel plus de vingt ans après sa sortie. Le cinéma de Wong Kar-Wai est sensoriel avant tout, et Chungking Express ne déroge pas à la règle ; mais ce long-métrage là a quelque chose en plus, une étincelle, une flamme qui le rend démesurément vivant et touchant. Grand film.


Disponible en vidéo et en VOD sur LaCinetek – Sur Mubi le 2 avril


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