IN THE MOOD FOR LOVE
Critique du film
Après une belle année de reprise en salle, le plus célèbre film de Wong Kar-wai, le magnifique In the Mood for Love, fait à son tour son retour en salle en version restaurée 4K, grâce à La Rabbia.
Comme toujours chez le réalisateur, le fil narratif est ténu, ici deux voisins, apprenant que leurs conjoints sont amants, finissent par se rapprocher. Du Hong Kong des années 60, Wong Kar-wai ne montre pas grand-chose, tout se jouant ici dans la bulle des deux personnages principaux, dans laquelle peu d’autres protagonistes peuvent entrer. Seuls quelques collègues et voisins y sont acceptés, souvent par obligation, les conjoints fautifs, eux, ne sont jamais montrés.
Les deux étrangers que le lien de la tromperie rapproche se croisent au détour de rues ou dans l’étroitesse du couloir d’un immeuble. Les corps se frôlent mais ne se touchent jamais vraiment, les sentiments sont pudiques, seuls les regards trahissent un amour naissant. Mais cet amour est impossible, et n’existera que dans les souvenirs de ces deux êtres, souvenirs qui s’empareront de toute leur vie.
D’une infinie délicatesse, la mise en scène de Wong Kar-wai, si elle exulte de mille couleurs, se veut plus douce, plus sobre que dans ses précédentes réalisations. Le temps semble comme suspendu dans In the Mood for Love, comme un rêve, une parenthèse dans la vie de ses deux personnages principaux. Pour le spectateur également, le temps s’est arrêté l’espace d’un instant d’envoûtement. Porté par la douce musique et l’intense émotion de ce film, il n’a pas vu l’heure et demie filer.
Quand le générique de fin apparaît, au bord des larmes, il reprend conscience de la réalité. Revoir, redécouvrir In the Mood for Love apparaît comme l’un des instants de grâce de cette année si particulière…
Bande-annonce
21 juillet 2021 (ressortie 4K) – De Wong Kar-Wai, avec Tony Leung, Maggie Cheung