film du mois_JUN21

BILAN | Nos films du mois de juin 2021

Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de juin 2021.



 

Le choix de Florent Boutet

Le père de Nafi LE PÈRE DE NAFI de Mamadou Dia
Premier long-métrage du réalisateur sénégalais Mamadou Dia, il voit une opposition entre deux frères, et aussi deux visages de l’Afrique sub-saharienne. Si la religion musulmane est au centre de chaque histoire, on voit le clivage entre l’impérialisme forcené de l’aîné revenu dans son village l’esprit embué par l’argent et le pouvoir, et le frère cadet imam qui représente un calme et une sagesse qui ne semble devoir trouver d’écho, l’appât du gain étant plus fort que la raison. à coté de ce conflit, en filigrane, il y a le mariage de Nafi, qui n’est pas vraiment ce qu’il paraissait être, une leçon de courage et de vie pour une génération qui cherche à échapper à un carcan toujours aussi resserré. Une histoire au ton âpre et féroce qui prend le temps de creuser ses personnages et de parler du Sénégal avec patience et profondeur.

Le choix d’Amandine Dall’Omo

Gagarine GAGARINE de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh
Premier long-métrage, accompagné en prime du label Cannes 2020, Gagarine du duo Fanny Liatard et Jérémy Trouilh atterrit au cœur d’Ivry, dans la cité éponyme détruite l’année dernière. Rares sont les films qui abordent la cité avec autant d’amour et de bienveillance, investissant chaque recoin d’une barre d’immeuble pour la transformer en une “banlieue céleste”. La métaphore spatiale est assumée de bout en bout – à travers une splendide mise en scène et un travail sonore – jusqu’à son formidable final, d’une poésie renversante, sensible et émouvante. Bien que tourné vers les étoiles, la force d’un tel récit, c’est bien l’humanité, ses histoires et ses visages.

Le choix de François-Xavier Thuaud

DE L’OR POUR LES CHIENS de Anna Cazenave Cambet
Il est rare et terriblement excitant ce sentiment de voir éclore un.e cinéaste de première importance. Sans vouloir l’accabler sous les références et les superlatifs, je place De l’or pour les chiens parmi les premiers films dont la maîtrise et la puissance font sensation. Le film marque aussi les premiers pas devant la caméra de Tallulah Cassavetti, comédienne étonnante de naturel. Elle interprète Esther, jeune femme qui semble traverser le monde avec une douceur qui le rend scandaleux. Coup de coeur et coup de chapeau !

Le choix d’Elodie Martin

PETITE MAMAN de Céline Sciamma
Défiant le temps pour mieux le suspendre au fil d’un pur instant de cinéma, Petite Maman signe une nouvelle réussite toute en douceur et poésie pour Céline Sciamma. Réinventant le retour en enfance comme une main d’innocence tendue pour surmonter les moments les plus douloureux de la vie, grâce à la simplicité de la mise en scène combinée à une écriture de dialogues toujours aussi subtile, cette grande réalisatrice démontre avec une générosité désarmante combien, si l’enfance est courte, la maturité est infinie.

Le choix d’Eric Fontaine

Les 2 Alfred LES 2 ALFRED de Denis Podalydès
Avec toujours cet univers décalé et poétique, dénué de toute méchanceté, les frères Podalydès fustigent les dérives de l’entreprise moderne et pointent du doigt la précarité de l’équilibre vie privée / vie professionnelle. Un cinéma plein de drôlerie et de tendresse, particulièrement revigorant. Si le monde du travail évolue de façon vertigineuse et inquiétante, certaines choses ne changent pas comme la constance des frères Podalydès dans la qualité de leurs films communs et la fidélité aux interprètes des premiers jours (Isabelle Candelier, Michel Vuillermoz, Jean-Noël Brouté et Philippe Uchan) dans des compositions savoureuses.

Le choix de Pierre Nicolas

INDES GALANTES de Philippe Béziat
Documentaire proprement étourdissant, Indes galantes revient sur la conception du magnus opus de Clément Cogitore : une réactualisation du «ballet héroïque» de Rameau. Celle où la rencontre entre l’Occident et «les sauvages» se télescopent désormais dans cette fusion de danses urbaines hétérogènes avec les arts lyriques classiques. Interrogeant le rapport entre les arts, comment peuvent-ils faire société, voire même, prendre le pouvoir, Béziat sublime le travail pharaonique de conception Indes galantes, tandis que sa mise en scène corrobore dans ses plans et ses choix de mixages, les intentions de ce microcosme : bousculer.

Le choix de Thomas Périllon

Gagarine GAGARINE de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh

En retenant Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh dans la sélection label #Cannes2020, le festival de Cannes a mis à l’honneur une proposition cinématographique singulière, vivifiante et somptueuse esthétiquement où la métaphore spatiale illustre la résistance d’un adolescent résolument attaché à sa cité.




%d blogueurs aiment cette page :