BILAN | Les meilleurs films du mois de septembre 2021
Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de septembre 2021.
Le choix de Thomas Périllon
D’une grande humanité, le personnage central d’After love fait partie de ces héroïnes de fiction qui font vibrer le coeur et peuvent, en quelques mots ou un regard, faire jaillir l’émotion au coin des yeux. À travers son récit, il sonde également notre rapport à la vérité et à la morale, et comment chacun s’en accommode face à la réalité des actes et des sentiments. Deux mondes entrent ainsi en collision, d’un rivage à l’autre, mais une collision des plus humaines portée par la formidable interprétation de ses deux comédiennes, l’anglaise Joanna Scanlan (bouleversante) et la française Nathalie Richard.
Le choix de Florent Boutet
Grand spécialiste des histoires de couples dysfonctionnels, Joachim Lafosse revient avec un nouveau film gorgé d’intensité autour de Damien Bonnard et Leïla Bekhti. Les problèmes mentaux du premier dynamite les efforts de la seconde pour faire perdurer leur famille, au delà d’une maladie mentale qui use et met en danger jusqu’à leur fils en bas âge. Avec une mise en scène au cordeau, entre tendresse et douleur pour un homme gangréné par son processus créatif, c’est une belle réussite que ces Intranquilles qui rappelle qu’il ne suffit pas de s’aimer pour réussir à vivre ensemble.
Le choix d’Elodie Martin
Il y a des instants de grâce sur grand écran qui nous rappellent combien ce que la volupté a de délicieux, elle le reçoit de l’esprit et du cœur. Leyla Bouzid signe avec son second long-métrage un pur bijou d’intelligence, où l’éveil des sens ouvre la voie vers la pleine conscience de soi. Porté par la performance primée de Sami Outalbali, formant avec la lumineuse Zbeida Belhajamor un tandem de jeunes amoureux se découvrant l’un l’autre au fil des plus beaux poèmes de la littérature érotique arabe, cette Histoire d’Amour et de Désir aura merveilleusement clôturé la Semaine de la Critique 2021 par un morceau de jouissance supérieure.
Le choix de F-X Thuaud
Diffractant la réalité en mille chimères, Amalric conduit son récit/puzzle en enquêteur de l’absence. Entourée de mirages, Vicky Krieps est un miracle. Elle nous conduit au plus près de l’émotion, au plus vif de la douleur. Grand mélo mélodieux.
Le choix d’Eric Fontaine
Dans une période riche en très beaux documentaires, difficile de ne pas être bouleversé par cette histoire édifiante et effrayante d’une femme broyée par le système judiciaire américain, parce que pauvre et d’origine hispanique, narrée dans L’état du Texas contre Melissa. Et incapable de se défendre, car victime depuis toujours. A l’urgence du dossier que nous fait découvrir Sabrina Van Tassel viennent se greffer des qualités formelles indéniables : mise en scène sobre et bande son remarquable. Un film intense et nécessaire.
Le(s) choix d’Augustin Pietron
Au spice-opera, je préfère les sentiments offerts par deux trios réalisateur-acteurs : Leila Bouzid, Sami Outalbali et Zbeida Belhajamor dans Une histoire d’amour et de désir et Mathieu Amalric, Vicky Krieps et Arieh Worthalter avec Serre-moi fort. Une histoire d’amour et de désir, ce sont deux jeunes littéraires qui se draguent par poésie interposée, se courent après et s’offrent des livres. Leur première année de licence devient le théâtre d’un « suis-moi je te fuis », animé par la question de leurs origines et héritages. Doit-on vraiment en dire plus ? Serre-moi fort est une histoire plus terrible, ou peut-être deux histoire qui se télescopent dans un montage vertigineux. Une femme qui ne sait plus ce qu’elle vit, un film puzzle comme Amalric sait les faire, où regarder à travers le pare-brise enneigé d’une voiture peut mener jusqu’à l’intérieur d’une boîte de nuit… vingt ans plus tôt.
Le choix d’Antoine Rousseau
Avec pour matériau de base le manga de Jirō Taniguchi, Patrick Imbert s’attaque à une œuvre monumentale, aussi riche plastiquement que thématiquement. L’adaptation cinématographique du Sommet des Dieux est une réussite totale sur les deux tableaux. Film d’enquête passionnant dans un premier temps, le long-métrage se transforme petit à petit en voyage intérieur nappé de réflexions vertigineuses sur la volonté quasi mystique de l’Homme à surpasser sa (la ?) nature. Tout cela conjugué à une direction artistique sublime qui prend une ampleur aussi démesurée que l’Everest sur grand écran. Un immense film d’animation et un immense film tout court !