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L’AVENIR

6
Harmonieux

Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie. 

À la claire fontaine.

L’Avenir est très cohérent dans la ligne minimaliste qu’il adopte de bout en bout : le scénario sur la perte et la découverte de la liberté, la mise en scène classique, la photographie transparente, simple et accessible. À travers l’histoire d’une femme qui perd ses repères et continue à vivre, cette apparente limpidité permet à Mia Hansen-Love de déployer et d’exalter les grandes valeurs philosophiques annoncées par le titre. Qu’est-ce qu’être libre ? Quand on a soixante ans ? Pour aller où ? Aux réflexions implicites font écho avec subtilité les cours de philosophie de la protagoniste, que chacun aura plus ou moins vécu en cours de terminale. Loin d’enfermer le film dans un carcan intello ou élitiste, ces mots de sagesse assumée le propulsent au-delà des faits qu’il raconte et l’entraînent intelligemment vers une forme d’universalité. Comme avec ces mots de Jean-Jacques Rousseau tirés de La nouvelle Héloïse, prononcés par la professeure de philo dans sa salle de classe baignée de lumière estivale :

« Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient pas, l’espoir se prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion le cause. Ainsi cet état se suffit à lui-même, et l’inquiétude qu’il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être. Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. »

« L’avenir semble compromis » dit le médecin à Nathalie, à propos de sa mère. L’Avenir n’est pas un film novateur ou surprenant mais il brille par son harmonie, sa simplicité et sa bienveillance. Et l’émotion s’achève d’éclore quand la voix d’Isabelle Huppert nous chante tendrement, dans toute sa splendeur maternelle, À la claire fontaine : « Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai… ».

La fiche

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L’AVENIR
Réalisé par Mia Hansen-Love
Avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka…
France – Drame
Sortie : 6 Avril 2016
Durée : 100 min




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