WILDLIFE – UNE SAISON ARDENTE
Dans les années 60, Joe, un adolescent de 14 ans regarde, impuissant, ses parents s’éloigner l’un de l’autre. Leur séparation marquera la fin de son enfance.
Ma saison préférée.
Toujours particulièrement délicate, l’aventure du premier film est l’ineffaçable carte de visite d’un jeune réalisateur souvent hanté par l’urgence de porter à l’écran un projet mûri de longue date. De ce paradoxe infernal où les plus vieilles idées sont parfois narrées avec une fougue et une immaturité désarmantes, bon nombre de cinéastes extirpent des propositions inégales, clouées sous le poids d’une envie enterrant la retenue et l’élégance. Avec son adaptation du roman de Richard Ford, Une Saison ardente, Paul Dano vient réhabiliter ces deux belles qualités en prenant le contre-pied des extravagances inaugurales pour façonner un cinéma de la force tranquille que ne renierait pas un certain Jeff Nichols.
L’enjeu était pourtant double pour l’acteur de Little Miss Sunshine ou There Will Be Blood qui devait, tout d’abord, réussir son essai mais aussi affronter la douloureuse expérience du passage derrière la caméra. Après les tentatives plus (Ryan Gosling et Lost River) ou moins (Joseph Gordon-Levitt et Don Jon) concluantes d’autres interprètes de sa génération, Paul Dano s’est attaché à affiner les moindres contours de son récit afin de le laisser se déployer dans un poignant mélange d’humilité et d’audace. Bien sûr, les hésitations sont légion mais l’application d’une mise en scène qui touche systématiquement juste et la succession de références picturales (notamment à Edward Hopper) donnent au film une petite musique suffisamment singulière pour séduire.
Tel son réalisateur, Wildlife cultive la modestie et la subtilité, tout comme le choix perpétuel de l’exigence. Se révélant en excellent directeur d’acteurs, Paul Dano offre ainsi de superbes rôles à Carey Mulligan et Jake Gyllenhaal qui retrouvent les sommets après une période moins faste pour l’un comme pour l’autre. Ensemble, ils parviennent à atteindre miraculeusement une prestance de jeu qui ne confond jamais l’exaltation de la performance et la pertinence du détail. À l’image d’un plan final impressionnant de beauté qui rassemble tout ce que le film a développé jusqu’ici : une pudeur et une émotion qui refusent de se dérober face à l’inéluctable.
La fiche
Je viens de voir wildife , j’ai été très ému par les différentes performances des acteurs , surtout Oxenbould!
D’une très grande justesse , la caméra de Paul Dano obéit à son maître au plus près des visages , je pense que Paul Dano est le nouveau Clint Eastwood .