featured_varsovie-83

VARSOVIE 83, UNE AFFAIRE D’ÉTAT

Varsovie, mai 1983. Le fils d’une militante proche de Solidarność est battu à mort par la police. Mensonges menaces : le régime totalitaire du Général Jaruzelski va tenter par tous les moyens d’empêcher la tenue d’un procès équitable.

Critique du film

Varsovie 83, une affaire d’état nous replonge dans la Pologne du général Jaruzelski, quelques mois après la suspension de l’état de guerre. Un jeune homme, Grzegorz Przemyk, fils d’une militante anticommuniste qui a elle même été agressée peu de temps auparavant par la milice refuse de montrer ses papiers lors d’un contrôle d’identité. Il en fait une question de principe, car depuis la fin de l’état d’urgence, ce n’est plus obligatoire. Très vite la situation dégénère, il est embarqué, passé à tabac devant son ami Jurek et finit par décéder. La mère de Grzegorz, Barbara Sadowska, poétesse proche du syndicat Solidarnosc, convainc Jurek de fuir et de se cacher pour pouvoir témoigner sans subir de pressions ou de  représailles. 

S’emparant pour son second film d’une histoire vraie à travers l’adaptation du livre enquête consacré à cette affaire médiatique et célèbre en Pologne, Jan P. Matuszynski signe un très beau film qui renvoie aux grandes heures du cinéma politique des années 70, celui de Costa Gavras ou des films dossiers du cinéma américain. Un cinéma où la mise en scène a l’intelligence de s’effacer derrière un sujet grave et une reconstitution méticuleuse des faits. L’interprétation est unanimement impeccable et la musique d’Ibrahim Maalouf, qui prend parfois des accents funèbres, ajoute à la tension palpable de l’intrigue. Aucune longueur dans cette œuvre de deux heures et quarante minutes, qui restitue parfaitement l’ambiance oppressante d’un régime autoritaire.

Varsovie 83

Cliniquement, sans chercher à susciter l’émotion, le réalisateur relate dans le détail cette affaire où une machine militaire et judiciaire cherche à étouffer un scandale, à orienter la presse et à trouver des boucs émissaires. Une scène de reconstitution truquée s’avère particulièrement glaçante – celle où l’on cherche à charger les ambulanciers qui ont transporté le jeune homme, afin de mieux dédouaner les miliciens tortionnaires. On est dans un système pervers dans lequel les rares personnes intègres – à l’image du procureur nommé pour l’enquête – se heurtent à un mur de mensonges, de menaces et de pressions. 

Ce qui fait toute la beauté de ce film, outre son intention louable et sincère de rapporter et de sauver de l’oubli une telle affaire, c’est aussi la description des différentes réactions des personnages face à l’adversité et aux risques encourus. Dans cette quête de la vérité et de la justice, certains céderont sous la menace, le chantage odieux. D’autres tiendront bon, au risque de tout perdre. Parallèlement à un fait historique, le réalisateur livre une belle histoire de fidélité à une personne, à un idéal et à la vérité

Bande-annonce




%d blogueurs aiment cette page :