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UN CORPS SOUS LA LAVE

Parmi l’équipage de Christophe Colomb, trois hommes condamnés à mort ont échappé à leur sort en s’embarquant pour l’incertain voyage. Atteignant les îles Canaries, ils fuient, emportant avec eux l’une des voiles du navire. Pendant ce temps, dans “Le vieux monde”, une femme tente de sauver sa sœur mourante en l’amenant à une guérisseuse. Le film mêle ces deux destinés.

Critique du film

Un corps sous la lave commence par une scène sous-marine de toute beauté. Des hommes dans l’océan nagent avec la voile d’un bateau. Helena Giron et Samuel M. Delgado, les deux réalisateurs de ce long-métrage étrange, voire énigmatique qui fait se croiser deux intrigues, ont tissé une toile qui rejette tout esprit logique ou toute narration traditionnelle. 

On y rencontre trois hommes qui ont déserté le bateau de Christophe Colomb, mais aussi une femme qui cherche à faire soigner par une guérisseuse sa sœur qui agonise. Le rythme du film est lent et peut déconcerter, voire rebuter, mais il serait dommage de passer à côté d’une œuvre qui a le mérite de l’originalité et d’une certaine forme de radicalité. Et cette radicalité passe par plusieurs choix : celui de privilégier l’image aux dialogues – en langue gallicienne – et de faire des paysages un personnage à part entière. Celui de ne pas chercher à expliquer quoi que ce soit, mais au contraire de parier sur l’intelligence du spectateur, son intuition et sa capacité à se laisser entraîner par un rythme hypnotique et une poésie, aussi aride puisse-telle paraitre. La photographie du film est particulièrement soignée, les comédiens livrent des prestations très réalistes et intenses, sans artifices. Les plans sur les visages sont très forts et renvoient à l’art pictural. 

Le lien entre les deux histoires reste très mystérieux.  Il est aussi question du travail âpre de la terre, de la dureté de la vie et de la condition humaine. La vision est ascétique, sans fioritures, sans ornements, juste la vision de ce qui est. Des bribes de textes viennent également interroger les éléments naturels et le tourbillon de l’existence. Oeuvre poétique et inclassable, comme beaucoup d’autres films proposés par Ed Distribution, Un corps sous la lave est un long-métrage exigeant qui mérite le déplacement cette semaine.

Bande-annonce

20 décembre 2023De Helena GirónSamuel M. Delgado, avec Nuria LestegásSara FerroXoán Reices




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