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THE PREDATOR

Les pires prédateurs de l’univers sont maintenant plus forts et plus intelligents que jamais, ils se sont génétiquement perfectionnés grâce à l’ADN d’autres espèces. Alors qu’un jeune garçon devient accidentellement leur cible, seul un équipage hétéroclite d’anciens soldats et un professeur de science contestataire peuvent empêcher l’extinction de la race humaine.

Black boulet.

Shane Black et Predator, c’est une longue histoire d’amour. Officiant en tant qu’acteur dans le film original de John McTiernan, il apparaissait logique de le voir enfin passer derrière la caméra pour filmer la bébête culte créée par Stan Winston il y a plus de trois décennies. Malgré les fortes rumeurs concernant des problèmes de post-production (notamment pour le final, qui aurait été retourné en urgence par Black sous la pression du studio), on osait encore y croire : le punch des dialogues made in Black, son iconisation badass des personnages (voyez donc Le Dernier Samaritain), conjugué à des scènes d’action efficaces comme Black avait pu en trousser dans Kiss Kiss Bang Bang et The Nice Guys, il y avait de quoi être un peu excité.

Malheureusement, le résultat s’avère au-delà des espérances : The Predator est plus mauvais que ce que l’on craignait. Peu de choses fonctionnent dans ce film d’action totalement lambda et parfaitement symbolique de la mauvaise tournure prise par les blockbusters US du moment : tout va trop vite, les séquences s’enchaînent en dépit du bon sens, ça vanne à tout va (sauf qu’environ 1 vanne sur 10 fait mouche), la mise en scène est impersonnelle et la violence, toute graphique qu’elle est à l’écran, se retrouve totalement aseptisée du fait d’une utilisation massive de sang numérique.

Pourtant la patte Black est bel et bien au rendez-vous, avec ce sens très particulier du ping-pong verbal qui le caractérise. Mais restons lucides, ce qui fonctionnait en 1990 ne fonctionne plus forcément aujourd’hui, l’alternance séquences d’action/vannes pour désamorcer la tension étant ici aussi lourdingue que dans n’importe quel Marvel – et puis on évitera de s’appesantir sur les quelques clins d’œil au film de 1987, tous plus gênants les uns que les autres.

Au-delà de ça, le film reste gangréné par un nombre incalculable de scories impardonnables de la part d’un cinéaste qui semble avoir ici totalement abdiqué – ce que l’on ressent clairement lors de vingt dernières minutes qui semblent avoir été tournées par la seconde équipe dans une forêt de la banlieue de Bucarest.
Outre un emballage complètement anodin, duquel ne ressort aucun design marquant, aucune séquence en particulier, l’écriture des personnages semble aussi à côté de la plaque, avec cette scientifique qui, en à peine quelques heures, fait des cascades et apprend à manier un fusil d’assaut ; c’est peut-être badass dans l’intention, mais c’est totalement raté dans l’exécution. Quant au fait d’avoir en personnage central ressemblant à un vulgaire sosie de Drago Malefoy avec du poil au menton, ça n’aide pas beaucoup quand il est censé être le socle du point de vue du spectateur et porter l’intégralité du film sur ses épaules. On sera tout juste content de recroiser Trevante Rhodes, bouleversant dans Moonlight et ici dans un rôle de militaire totalement à l’opposé de ce qu’il avait montré chez Barry Jenkins, ainsi que l’impayable Jake Busey au détour d’une séquence (clin d’œil à la présence du papa Gary dans Predator 2 ?). Les meilleurs moments ne seraient-ils finalement pas ceux qui viennent rappeler à quel point le film de 1987 est insurpassable ? 

Il faudrait se rendre à l’évidence : absolument aucun film de la franchise n’arrivera à la cheville du chef-d’œuvre matricielle de McTiernan. Après une suite honnête, deux spin-offs catastrophiques, un soft reboot parfaitement oubliable (et oublié) et maintenant une pseudo suite ratée, il est plus que jamais temps de laisser cette franchise mourir de sa belle mort.

La fiche

THE PREDATOR
Réalisé par Shane Black
Avec  Boyd Holbrook, Trevante Rhodes, Olivia Munn, Jacob Tremblay…
Etats-Unis – Science-fiction, action

Sortie : 17 octobre 2018
Durée : 107 min




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