OÙ EST ANNE FRANK !
Critique du film
Tout le monde connait Anne Frank, jeune fille de confession juive ayant tenu un journal intime devenu témoignage d’une époque sombre de notre Histoire récente, l’horreur à hauteur d’enfant. L’ouvrage est désormais l’un des plus connus au monde et demeure l’un des plus étudiés dans les établissements du second degré, à juste titre, et de nombreux lieux commémoratifs ont été nommés en son honneur à travers le globe et particulièrement dans la ville d’Amsterdam, où se trouve la fameuse maison où Anne et les siens ont passé de plus de sept mois d’angoisse, dissimulés dans une annexe secrète.
C’est justement autour de cette bâtisse que se construit l’intrigue du film imaginé par Ari Folman pour reparler du destin funeste de la jeune fille et offrir un regard accessible au grand public sur la Shoah. Lui vient alors l’idée de redonner vie à Kitty, l’amie imaginaire à qui s’adressait Anne dans son journal, en la transformant en une véritable protagoniste prenant vie par magie et devenant le lien entre le passé et le présent.
L’innocente et facétieuse Kitty aux cheveux roux se lance dans une quête pour découvrir Où est Anne Frank et ce qu’elle est devenue à l’issue de la guerre – ignorant ce qu’il a pu lui arriver après avoir été embarquée par les forces allemandes. Lors de cette recherche, aidée d’un compagnon très débrouillard et bienveillant, elle est progressivement meurtrie de constater que de nombreuses familles migrantes – et, de fait, de nombreux enfants – subissent un traitement inhumain, entre vie misérable, descentes policières et menaces d’expulsion. Ceux-là même qui ont pourtant fui ces zones de guerre ayant détruit leurs maisons et rendu leur quotidien dangereux et invivable.
Finalement, Où est Anne Frank !. avec son point d’exclamation en lieu et place d’un point d’interrogation, vise surtout à alerter les contemporains d’Ari Folman, à l’heure où les enfants continuent de subir les ravages des guerres à travers le monde, entre bombardements en Syrie et génocides en Asie et en Afrique dans la plus grande indifférence. Il livre ainsi une belle piqûre de rappel à ceux qui ont fait d’Anne Frank une icône mais semblent avoir oublié le message qu’elle portait. Un très beau film d’animation diffusant un humanisme salutaire. Une oeuvre personnelle et universelle qui tombe à point nommé, utile, accessible et appréciable pour toutes les générations, qui éduque et instruit tout en divertissant, et qui enchante la rétine grâce à la patte visuelle de son auteur.
Bande-annonce
8 décembre 2021 – De Ari Folman
Cannes 2021 – Hors compétition