LA BEAUTÉ DES CHOSES
Critique du film
Dernier film de Bo Widerberg, réalisé peu avant sa mort prématurée, La beauté des choses est un très beau film sur l’éveil à l’amour et à la sexualité d’un jeune adolescent dans la Suède de 1943. Le film comporte des éléments autobiographiques. Ainsi, l’époque décrite dans le film est celle durant laquelle Bo Widerberg était adolescent et le collège qui sert de décor à de nombreuses scènes est celui qu’il fréquenta.
La relation entre Viola et Stig est traitée avec pudeur, délicatesse. Le film offre aussi des scènes émouvantes avec d’autres personnages; comme celle où la jeune Lisbet veut s’offrir à Stig sans soupçonner qu’il est moins naïf en amour qu’elle ne le pense. Ou ces moments avec Frank, le mari trompé de Viola, homme alcoolique et fantasque. Frank n’est pas dupe de ce qui se trame autour de lui, mais il reste bienveillant envers Stig et l’initie même à la musique classique.
Le personnage de Stig, joué par le fils du réalisateur, est très attachant, car il semble délicat envers tous ceux qu’il rencontre. Il parait ne vouloir blesser personne et ne se rebelle que lorsqu’il est poussé dans ses retranchements. Il a par ailleurs une sensibilité qui lui permet d’être réceptif à l’art.
Une société étouffante
Le film s’affirme également comme une critique d’une société étouffante. Au fronton du collège, on peut d’ailleurs lire la sentence suivante : « La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse ». Société où règne l’antisémitisme (la scène du début dans la cour de récréation) et où l’école et la famille ne sont nullement des refuges. L’amour lui-même n’est pas exempt de déceptions cruelles, de trahisons inattendues…
Réalisé avec élégance, bénéficiant d’une très belle photographie et d’une bande son composée de morceaux classiques de toute beauté (Mahler, Bach, Beethoven, Tchaïkovski, Haendel), La Beauté des choses distille quelque chose de très doux et de nostalgique. Comme des réminiscences d’une époque révolue.
Ce film marqua le retour de Bo Widerberg au cinéma après neuf années consacrées à des tournages pour la télévision. Il fut nominé à de nombreuses récompenses et remporta l’Ours d’Argent au Festival de Berlin en 1996.
Bande-annonce
Ressortie le 11 juin 2025
Rétrospective Bo Widerberg, l’essentiel en 11 films