DOMINO
Lors d’une intervention de routine, un policier assiste impuissant à l’agression de son co-équipier. Son enquête pour retrouver le coupable va l’amener à parcourir l’Europe pour retrouver la trace d’un mystérieux terroriste qui entretient des relations ambiguës avec la CIA. Dans l’ombre des démocraties, une guerre silencieuse fait rage.
Avant-propos
Domino est un film qui fait de la peine. Déjà parce qu’il porte le même nom que l’excellent film de Tony Scott, bien qu’il ne traite pas du même sujet et que ce dernier se retrouvera oublié. Ensuite, parce qu’il s’agit du dernier film (en date) de Brian De Palma et que la rédaction apprécie généralement les propositions du cinéaste.
Cinéaste culte ayant contribué – aux côtés de Clint Eastwood, Steven Spielberg, Francis Ford Coppola ou encore Martin Scorsese – au Nouvel Hollywood, Brian De Palma ne s’est jamais vraiment caché de son idole, Alfred Hitchcock. La plupart de ses œuvres font d’ailleurs référence à beaucoup de films du maître du suspense, que ce soit par leur scénario ou bien à travers la mise en scène et le montage.
Ainsi, Body Double côtoie par exemple ses grands frères Fenêtre Sur Cour et Sueurs Froides, ce dernier étant lui-même référencé dans l’Obsession de De Palma. Le cinéaste se faisant rare (il ne tourne plus aux États-Unis), c’est à travers l’Europe qu’il a choisi de réaliser ses films. Son dernier film, Passion, remake de Crime d’amour d’Alain Corneau, a été réalisé en Europe. Le film, qui date déjà de 2013, conservait une certaine malice à jouer avec le spectateur, comme la plupart des œuvres signées De Palma.
Critique du film
Le souci qui se pose avec Domino, c’est que tout le contraire se joue. Le film se fiche de son spectateur tant il parait cheap, de la mise en scène au découpage en passant par son scénario, navrant. Pourtant, cela démarrait plutôt bien, entre une séquence d’introduction bien ficelée et une scène cruciale, typique de l’œuvre de De Palma, filmée avec très peu de moyens et dont la bande originale – signée par son compositeur fétiche Pino Donaggio – promettait une suite au moins satisfaisante. Et c’est tout le contraire.
Le récit s’embarrasse d’une histoire de terrorisme incompréhensible (et surtout inutile) qui n’a rien à faire là, les dialogues sont pauvres, les personnages (Guy Pearce surtout) sont caricaturaux et même De Palma ne semble pas savoir ce qu’il a tourné. D’ailleurs, le cinéaste refuse désormais d’évoquer ce film dont il parait renier la parenté.
L’incontournable réalisateur de Phantom Of The Paradise ou de Scarface n’est donc plus que l’ombre de lui-même, n’allant pas plus loin que son premier quart d’heure pourtant prometteur, avec des acteurs non-dirigés (Nikolaj Coster-Waldau et Carice Van Houten font ce qu’ils peuvent pour se sortir de là, tandis que Guy Pearce joue les américains modèles, et n’hésite pas à frôler le ridicule avec une réplique finale cinglante) et des décors sur-éclairés dignes d’un téléfilm fauché. C’est d’ailleurs pour la télévision qu’aurait dû être fait ce film, n’étant jamais sorti en salle et se retrouvant cantonné en Blu-ray/DVD et VOD. Un ratage un peu gênant tant pour ce cinéaste adulé que pour le cinéphile lui-même.
Espérons que Brian De Palma revienne avec un projet beaucoup plus personnel, portant la véritable empreinte de son auteur – tout ce qui manque finalement à Domino.