CHICUAROTES
La ficheLa critique du film
Un bus file tranquillement sur la route de l’immense mégalopole de Mexico city, dans un quartier populaire de sa périphérie. Deux jeunes hommes sont grimés en clown, répétant leur numéro devant ce public improvisé, pour gagner quelques pesos. Bredouilles, l’un deux décide de sortir une arme à feu et de voler les biens des passagers avant de s’enfuir avec son butin. Cette scène plutôt réussie et amusante, est l’entame du nouveau film de Gael Garcia Bernal, acteur et auteur mexicain, qui a fait le bonheur de réalisateurs aussi connus que Michel Gondry (La science des rêves) Pablo Larrain (Neruda) ou le président du 72ème festival de Cannes, Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours chiennes). C’est peu dire que le projet était sympathique, à l’instar de son réalisateur, et ce premier moment évoqué allait dans le bon sens, celui d’une comédie teintée de social, dans un climat plutôt réjouissant.
Passés ces premiers moments introductifs, la situation se dégrade. Tout d’abord, les personnages sont très antipathiques. Homophobe, agressif, le meneur du duo n’a rien pour plaire. Il maltraite absolument tout son entourage, sa petite amie comprise, qui ne l’intéresse que quand le besoin se fait sentir, dans un opportunisme masculiniste assez dégoûtant. Le second est lui un garçon veule et taiseux qui ne fait que suivre les directives de son ami, avalant toutes les couleuvres possibles. Mais pire, le film s’enlise dans une sous-intrigue de kidnapping qui révèle les énormes problèmes de rythme de l’histoire, qui passe alors un cap dans le ridicule avec une scène d’émeute qui se transforme presque en viol, avec la participation du duo qui pousse très loin l’ignominie qui leur colle à la peau depuis le début.
On sent bien que Gael Garcia Bernal a voulu retrouver une partie de l’énergie et de la folie qui animait Amours chiennes, qui l’avait révélé en tant qu’acteur dans les années 1990, mais la structure de son film et l’écriture inexistante de son histoire ne lui permettent en aucun cas de se hisser au niveau de cet illustre exemple. Les vingt dernières minutes de Chicaruotes sont presque une démonstration de tout ce qu’il ne faut pas faire, notamment cette très mauvaise scène qui amène la mort d’un des personnages dont on se serait volontiers passés tellement est elle est de mauvais goût.
On souhaite à Gael Garcia Bernal des lendemains plus heureux en tant que metteur en scène que ce pauvre spectacle qui ne fait pas honneur à son talent qu’on sait pourtant immense.