BUZZ L’ÉCLAIR
Critique du film
Il y a quatre ans, la plus célèbre troupe de jouets du monde faisait son grand retour pour un quatrième volet (pas nécessaire mais réussi) qui offrait un ultime baroud d’honneur à Woody, le loyal cowboy dévoué à son propriétaire, Andy. Le petit garçon, qui portait aux nues cette figurine de western, se découvrait un nouveau héros dans le 1er volet de Toy Story : Buzz l’éclair. Le ranger de l’espace devenait ainsi le concurrent direct du shérif, les deux protagonistes craignant de devoir se partager l’affection de l’enfant devenu fan du film mettant en scène le héros voyageur.
Les studios Disney Pixar, dans leur volonté d’étendre toujours un peu plus leurs univers, ont ainsi décidé de donner naissance au fameux film fictif ayant suscité l’enthousiasme d’Andy. Vingt-et-un ans après le volet réalisé par John Lasseter, Angus MacLane se retrouve donc aux manettes du long-métrage ayant déclenché cette affection soudaine. Une sorte d’origin story singulière qui vise à rappeler les grosses productions divertissantes de l’époque, dans la lignée de Star Wars, Capitaine Flam, Flash Gordon ou encore Buck Rogers. Buzz l’éclair suit donc les aventures intergalactiques du héros éponyme avant qu’il n’inspire une ribambelle de produits dérivés.
Dès le début du film, on découvre Buzz l’Éclair et sa coéquipière (qui est aussi sa supérieure) Alisha Hawthorne sur une nouvelle planète qui ne tarde pas à dévoiler son hostilité. Malheureusement, la mission se solde par un tragique incident qui les immobilise sur place avec près d’un millier de scientifiques, à plus de quatre millions d’années-lumière de la Terre. Buzz l’éclair devient alors l’histoire d’un échec, personnel comme professionnel. Confronté à cette situation qui ne lui est pas familière, rongé par la culpabilité et aveuglé par son sens du devoir, il va tout sacrifier pour tenter de sortir ceux qui comptent sur lui de ce mauvais sort, quitte à passer à côté de l’essence même de la vie.
De toutes les batailles qu’il doit livrer, au-delà de celle contre sa culpabilité, contre ses échecs répétés et contre les créatures dangereuses, celle du temps qui passe et s’échappe à vitesse grand V est sans doute la plus particulière. En effet, à chaque tentative de décollage pour tester s’il peut retrouver la vitesse supersonique qui leur permettrait de repartir chez eux, le temps se dilate et les quatre minutes de chaque vol d’essai deviennent plusieurs années sur leur planète d’adoption. Chaque essai s’avère plus chronophage que le précédent et c’est sa vie toute entière qui lui échappe. Alors qu’il s’entête, son amie Alisha et le reste de l’équipage préfèrent vivre la leur, s’accommodant de leur nouveau destin pour fonder une famille et chérir chaque instant – tandis que, de son côté, notre héros ne prend quasiment pas une ride et ne peut que découvrir tout ce qu’il manque.
Sans véritablement retrouver le mojo miraculeux de la saga Toy story, ce stand-alone devrait néanmoins séduire un public large, friand d’aventures spatiales et de cheminement existentiel. Action, humour et maestria technique au service d’un divertissement rassembleur et inclusif, pour une pause rafraîchissante plutôt appréciable en ces temps agités.
Bande-annonce
22 juin 2022 – De Angus MacLane, avec les voix de François Civil et Lyna Khoudri