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COFFRET FELLINI

L’éditeur Le Pacte a sorti le 19 novembre un coffret regroupant 3 films de Federico Fellini, 3 œuvres assez différentes et souvent assez méconnues.

Il Bidone (1955)

Cinquième film de Fellini, tourné entre La Strada et Les Nuits de Cabiria, Il Bidone nous narre le périple très peu glorieux d’escrocs assez minables et surtout sans aucun scrupule, qui vont arnaquer leurs semblables, mêmes les plus pauvres et vulnérables. Mais pour le Maestro nul homme n’est complètement irrécupérable et la rédemption est toujours possible. 

A sa sortie, le film déplût aussi bien à l’Eglise Catholique (On y voit des escrocs déguisés en ecclésiastiques et abusant de la crédulité des fidèles) qu’aux marxistes (ces aigrefins vont jusqu’à rouler des personnes déjà dans la misère ou frappées par le sort). Le film est grinçant, cruel, avec ce sens de l’observation et cette description mêlant tendresse et cruauté, chers à Fellini.

Il bidone fellini
Le personnage joué par la lumineuse Giulietta Masina apporte un peu d’humanité à cette histoire. La scène de la partie qui dégénère dans un appartement est très rythmée, très réussie. Et il y a aussi beaucoup d’émotions dans les scènes où le personnage joué par Broderick Crawford retrouve sa fille avec laquelle il n’avait plus de contact depuis un an.

Il Bidone est un magnifique film désenchanté, mais non dénué d’espoir et dans lequel on retrouve tout l’amour que Fellini avait pout l’humanité.

Les Clowns (1970)

Un petit garçon va au cirque et est à la fois fasciné et effrayé par les clowns. Des années plus tard, devenu grand, Federico Fellini réalise un documentaire, hommage aux clowns.

En partie documentaire et en partie fiction, les Clowns, est une commande de la RAI à Fellini. Celui-ci insista pour que le film connaisse toutefois une sortie au cinéma (il fût projeté à Venise et sortit dans les salles quelques temps après une projection à la télévision). Or, la télévision en 1970 était en noir et blanc, ce qui ne permettait pas de recevoir comme il le méritait ce film de Fellini dans lequel l’utilisation de la couleur est tout simplement extraordinaire. Un vrai feu d’artifices qui irradie l’écran, notamment durant une des dernières scènes où la folie s’empare des clowns sous le chapiteau. 

les clowns fellini
Visuellement, le film est donc magnifique, mais il l’est également par l’évocation de personnages qui vient ou ont vécu leur art comme un sacerdoce. Au service des spectateurs, ces saltimbanques ont contribué à rendre la vie plus supportable. Il y a une vraie poésie et une vraie nostalgie dans ce film, à redécouvrir de toute urgence et dans lequel on a plaisir à retrouver Annie Fratellini et Pierre Etaix.

Un film beau et triste comme un souvenir d’enfance ou une réminiscence d’une époque révolue, d’instants magiques qui ne reviendront pas.

Répétition d’orchestre (1978)

Réalisé pour la RAI, Prova d’orchestra, suit une répétition de musiciens dans un ancien édifice religieux, transformé en auditorium. La télévision vient pour filmer et réaliser des interviews. Les musiciens semblent facétieux pour certains, d’autres se plaignent déjà de leurs conditions de travail. Le chef d’orchestre arrive et la situation va prendre une tournure assez inhabituelle…

répétition d'orchestre fellini
Allégorie sociale et politique, radiographie de l’Italie des années de plomb, Prova d’orchestra est un film très riche thématiquement. Il nous parle d’un pays à une époque donnée, certes, mais au-delà diu contexte très précis durant lequel il a été conçu (après l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro par les Brigades Rouges), il aborde des thèmes universels comme le rapport à l’autorité, les syndicats, l’individu et son rôle dans un groupe, la façon dont il peut s’éloigner de ce qu’il est ou au contraire, la façon dont il fait tomber le masque. Il y est aussi question de révolte et d’individualisme et du narcissisme ordinaire de ceux qui ne voient que par leur point de vue étriqué. 

A la fois drôle et sombre, ce film offre une belle galerie de personnages et de très beaux moment de mise en scène.


Ce coffret a le mérite de faire redécouvrir 3 belles œuvres de Federico Fellini, peut-être parmi les moins diffusées actuellement, dans de très belles versions restaurées et avec des bonus offrant l’éclairage toujours instructif d’Aldo Tassone.


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