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LES REPENTIS

L’histoire réelle de Maixabel Lasa, la veuve de Juan Maria Jauregui, un homme politique assassiné par l’organisation terroriste ETA en 2000. Onze ans plus tard, l’un des auteurs du crime qui purge sa peine en prison demande à la rencontrer, après avoir rompu ses liens avec le groupe terroriste.

Critique du film

Iciar Bollain, actrice et réalisatrice espagnole, a décidé pour son dixième long-métrage de relater une rencontre hors normes : l’histoire vraie d’une femme qui a accepté de dialoguer avec l’homme qui avait assassiné son mari plus de dix ans auparavant. En effet, Maixabel Lasa, veuve d’un homme politique que l’ETA avait tué, a fait la rencontre d’un membre de l’organisation armée qui s’était repenti en prison. Elle souhaitait accepter la démarche proposée de s’asseoir face à la veuve de sa victime et d’instaurer un échange, un dialogue, avec cet homme ne pouvant bénéficier d’aucune remise de peine, dont l’initiative reposait sur un repentir sincère et la volonté de se racheter, de demander pardon et de réévaluer son parcours. 

Les deux côtés de cette aventure humaine et politique sont montrés par la cinéaste et font l’objet de scènes intimistes fortes et sobres à la fois. D’une part, les victimes de la violence d’une part, qui ont perdu des proches et sont confrontées à la perte et à l’absence, et, de l’autre, ceux qui ont commis l’irréparable et doivent vivre avec et qui parfois peuvent chercher à se remettre en question, à demander le pardon des personnes qu’ils ont meurtries à jamais, d’une façon indélébile. Ce pardon qui peut sembler impossible, voire contre nature, quand on a perdu un être proche, un intime, voire une partie de soi-même. Sur les six cents membres emprisonnés de l’ETA, seule une vingtaine de personnes a accepté de reconnaître ses crimes, de se repentir. Ils ont alors été considérés comme des traîtres par leurs ex-compagnons de lutte armée. Ce cheminement tortueux, douloureux, long et dérangeant fait l’objet de très belles scènes.

Les repentis

Blanca Portillo et Luis Tosar incarnent avec force et humanité ces deux êtres humains que tout opposait au départ, que la violence et la tragédie ont réunis et qui vont s’écouter dans un échange d’autant plus déchirant que l’indicible et l’insupportable ont été commis et ne seront jamais totalement réparés. Seule une forme de sérénité, ou tout au moins d’acceptation, peut émerger de ces rencontres. La douleur de l’absence, elle, ne disparaîtra jamais. Et, en face, la culpabilité qui vrille l’âme et le corps sera toujours présente, peut-être moins insupportable, peut-être apprivoisée en partie, mais elle demeurera. 

Les Repentis raconte les idéaux de jeunesse qui passent parfois par la violence et qui mènent à un réveil très brutal, le refus de la vengeance, la recherche de la réconciliation. Récompensé de nombreux prix dans différents festivals, le long-métrage d’Icíar Bollaín tire sa richesse de sa vision empathique, sans jugement, mais aussi sans angélisme de cette rencontre, et repose sur une très belle interprétation et une mise en scène d’une sobriété exemplaire qui s’efface naturellement derrière un sujet d’une force indéniable. Son traitement avec honnêteté et une profonde humanité lui offre un véritable impact. 

Bande-annonce

9 novembre 2022De Icíar Bollaín, avec Blanca PortilloLuis TosarUrko Olazabal




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