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JANE PAR CHARLOTTE

Charlotte Gainsbourg a commencé à filmer sa mère, Jane Birkin, pour la regarder comme elle ne l’avait jamais fait. La pudeur de l’une face à l’autre n’avait jamais permis un tel rapprochement. Mais par l’entremise de la caméra, la glace se brise pour faire émerger un échange inédit, sur plusieurs années, qui efface peu à peu les deux artistes et les met à nu dans une conversation intime inédite et universelle pour laisser apparaître une mère face à une fille. Jane par Charlotte.

Critique du film

Un dialogue entre une fille et sa mère et, en bien des aspects, une déclaration d’amour de Charlotte Gainsbourg à Jane Birkin. En fait de documentaire, Jane par Charlotte fait plutôt figure de travail sur l’intime pour la seconde.

Charlotte avance avec prudence, mais Jane la surprend souvent par sa franchise. Le film permet en quelque sorte à la fille et sa mère de se rencontrer à nouveau. De ménager un espace pour discuter, revenir sur certaines choses parfois fondatrices. « Petite, tu étais mystérieuse pour moi » explique Jane à Charlotte autour d’un thé pendant sa tournée japonaise. Elle se demande pourquoi elle n’a jamais su se rapprocher de sa fille pendant son enfance.

Le film est fait de ces discussions très personnelles, empreintes de la pudeur d’une réalisatrice qui se demande comment approcher son sujet. Les deux femmes s’ouvrent à des moments inattendus, sans doute un peu trop parfois, on se demande ce qu’on fait là, au milieu de certaines conversations. Mais dans l’absolu, c’est un voyage dans le (grand) monde des Birkin-Gainsbourg, qui se retrouvent incidemment et naturellement à New York et au Japon aussi bien qu’en Bretagne, cette fois-ci accompagnée par Jo, la fille de Charlotte.

Jane par Charlotte

Les plages de Jane

Jane fait de l’esprit, chante un peu, s’occupe du jardin ou cuisine. Charlotte tâtonne, ouvre les portes d’une vaste demeure en Bretagne, saisit quelques objets, retrouve des souvenirs. Que les « interviews » soient formalisées en face à face ou non, le résultat est souvent déroutant. Les séquences que filment Charlotte sont toujours marquantes, face aux images du chef opérateur, forcément plus romantisées.

Ce n’est pas un documentaire sur deux personnalités, mais bien sur la relation d’une mère et de sa fille. N’espérez pas y apprendre grand chose : les éléments que Jane dévoile à sa fille relèvent plutôt de l’accessoire ou de l’affectif. Elles ne se disent pas tout non plus. Évidemment, avec un peu de recul, telle ou telle anecdote prend un sens différent lorsque l’on sait qui est ce fameux « Serge », mais la question n’est pas vraiment là. Dans le contexte, il reste le père de Charlotte et, sa disparition, un drame familial.

Charlotte sait garder son personnage au centre du film, et mettre de la distance entre Jane et les hommes de sa vie. Serge et Jacques n’ont pas de nom de famille, John Barry semble être un pseudonyme. On y parle relativement peu de célébrité, sinon du fait que « Serge » allait naturellement ouvrir la porte du 5bis, rue de Verneuil quand il entendait sonner.

Les réflexions sont personnelles et deviennent parfois un peu plus universelles. Jane parle de sa maladie, de son amour pour sa famille, de sa première fille (Kate Barry), du fait de vieillir de ce qu’elle envisage pour sa succession – et dans une anecdote invraisemblable, de comment un frigo pourrait les aider à payer moins d’impôts. Un peu de vie, mais la vie de n’importe qui.

Bande-annonce

5 janvier 2022 – De et avec Charlotte Gainsbourg et Jane Birkin




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