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FUNNY GAMES

Un couple et leur fils arrivent dans une maison au bord d’un lac pour passer des vacances. Lors de la visite de deux jeunes hommes, le séjour reposant va rapidement se transformer en cauchemar.

Soyez méchants, rembobinez !

Lors du dernier Festival de Cannes, Michael Haneke se présentait une nouvelle fois en compétition pour la Palme d’Or avec son nouveau film : Happy End. Seul réalisateur en lice cette année à avoir remporté deux fois la récompense suprême, l’Autrichien pouvait espérer obtenir une troisième fois la Palme et devenir ainsi le détenteur du record. Happy End ressemblant trop à un condensé de son œuvre, le cinéaste a raté le coche en ne surprenant plus le public cannois et le jury de la sélection officielle qu’il avait pourtant su étonner si souvent.

Mai 1997. Michael Haneke connaît déjà bien la Croisette après trois sélections à la Quinzaine des Réalisateurs avec Le Septième continent, Benny’s Video et 71 fragments d’une chronologie du hasard. Mais cette fois, l’Autrichien entre dans la cour des grands avec son Funny Games. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y rentrera pas sur la pointe des pieds. Mieux, Michael Haneke choque. Avec son thriller malsain, le réalisateur met en scène un huis-clos radical, dur, éprouvant et oppressant. Si le film dérange de par son atroce brutalité et l’agressivité incompréhensible des deux jeunes étudiants, Funny Games est surtout une superbe œuvre jouant en permanence avec son public.

Ici, aucune bande-originale ne viendra vous sortir du cauchemar auquel vous assistez. Les émotions sont réelles et la souffrance permanente. Certes, à de nombreuses reprises, Michael Haneke, à travers des apartés bienvenues, des clins d’œils complices, la séquence de la télécommande… nous ramène(nt) à la réalité et nous rappelle que Funny Games n’est que du cinéma. Cependant, si Michael Haneke nous remet légèrement les pieds sur terre le temps d’un instant grâce à ces astuces cinématographiques, ce n’est pas son objectif premier.

Incompris lors de sa projection à Cannes, Funny Games a été critiqué, accusé de justifier une violence outrancière. Ce serait mal comprendre le puissant message du cinéaste. Loin de soutenir l’acte gratuit de ses personnages, son long-métrage est, bien au contraire, un pamphlet condamnant la banalisation d’une violence devenue trop commune et une dénonciation du voyeurisme actif de chaque individu dans la société actuelle. Son œuvre fictionnelle de par ses artifices se transforme finalement en immense œuvre réaliste et préoccupante, sorte de mise en garde face à un monde qui perdrait le contrôle.

Porté par un casting restreint d’une efficacité redoutable : les regrettés Ulrich Mühe en père dépassé et Frank Giering en agresseur détestable, l’émouvante Susanne Lothar et l’épouvantable Arno Frisch, Funny Games mérite donc largement son statut culte.




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