end of summer critique

END OF SUMMER

Bon

Xiaoyang cherche à tout prix à s’inscrire dans l’équipe de foot de sa ville, en pleine coupe du monde 98. Problème : son père, Jianhua, instituteur, ne l’entend pas de cette oreille. Il pourra compter sur le grand-père du coin, Zheng, pour l’encourager…

Et un, et deux, et trois héros.

Peu importe ce qu’essaieront de vous faire croire les spécialistes, experts et autres fanatiques absolus du football assis en rond autour d’une table dans les afters d’émissions de télé, débats de radio et colonnes de journaux : le football, c’est vraiment pas compliqué. Une équipe rouge, une équipe bleue ; un vainqueur, un perdant ; des bons, des moins bons ; le tout en deux mi-temps. La dualité au centre du terrain. La métaphore aurait été belle, si seulement elle pouvait s’appliquer à End Of Summer, disponible sur e-cinema.com quelques jours avant le début de la Coupe du Monde. De foot, il est question dans ce film chinois, premier long-métrage de Zhou Quan, de retour au pays après des études en Australie, puis aux Etats-Unis.

Mais là où tout marche par paire dans le sport le plus populaire du monde, Zhou Quan décide de se donner de la profondeur en faisant marcher ses enjeux par trois. Soit l’histoire d’un jeune écolier, Xiaoyang (Zishan Rong, mouillant le maillot) féru de foot mais réprimé dans sa passion par son instituteur de père Jianhua (Songwen Zhang), qui trouvera son bonheur en la compagnie d’un vieux du quartier, Zheng (Pao-Ming Ku), lui aussi parcouru du frisson du ballon rond. Soit un triptyque générationnel, qui devient bientôt un triptyque social divisé en trois temps de vie. Chacun illustre ses rêves et ses brisures : le passé, le présent, et le futur.

Une-deux et jeu en triangle

En passant de l’affrontement bipolaire du foot à celui de ce jeu en triangle plus léché, Zhou Quan apporte de la fraîcheur à son End Of Summer et de l’empathie envers des personnages simplement mais solidement construits – il en va de même pour les situations conflictuelles du film. Surtout, plutôt que de s’enliser dans un enjeu purement narratif, celui de savoir si Xiaoyang pourra oui ou non s’adonner à sa passion, le long-métrage choisit de faire de chacun des protagonistes le héros maudit de sa génération.

Le père, embourbé dans sa voie carriériste et la pression sociale qui s’exerce sur lui, assiste à petit feu à la mort de ses passions. Le fils est condamné à faire ce que la société lui interdit pour exister aux yeux de la société, une société d’autant plus tyrannique qu’elle est incarnée par une figure d’autorité omniprésente, son père dictant les règles à la maison comme à l’école. Le grand-père, yeux embués d’un passé pas plus rose qu’aujourd’hui mais dans lequel il avait au moins le mérite d’avoir vingt ans, cherche à tout prix à sauver les dernières ruines de l’ancien temps, branlantes et obsolètes, mais derniers symboles qu’il fut, un jour, vivant.

Tout cela, c’est encore sans compter sur quelques personnages secondaires féminins (Qing Dong, Zhuo Tan) qui viennent encore donner d’autres reflets aux scintillements d’une intrigue qui donne bien plus à voir qu’une simple histoire de foot – et bientôt plus grand chose à voir, d’ailleurs, une fois le voile levé sur ce qui apparaît comme un prétexte. Et voici comment End Of Summer, cet été chinois en pleine coupe du monde 98 tiraillé entre ouverture et fermeture, s’est vu justement gratifié de l’équivalent d’un prix du public au festival de Busan.

La fiche
end of summer affiche

END OF SUMMER
Réalisé par Zhou Quan
Avec Zishan Rong, Pao-Ming Ku, Songwen Zhang
Chine – Comédie dramatique

Sortie (e-cinema.com) : 1 juin 2018 
Durée : 102 min




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