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CHAINED

Flic consciencieux et expérimenté, Rashi est en couple avec Avigail dont il attend un enfant. Le jour où, à la suite d’une enquête interne de la police de Tel-Aviv, il se trouve brutalement mis à pied, il réalise que sa femme lui échappe de plus en plus…  Saura-t-il réagir avant que son monde ne s’effondre ?

Critique du film

Il y a 10 ans, le réalisateur israélien Yaron Shani nous avait livré un électrochoc cinématographique : Ajami, polar nerveux qu’il avait co-réalisé avec l’artiste palestinien Scandar Copti. Ce film, à travers des destins croisés, des points de vue différents, refusait tout manichéisme et toute simplification sociale ou géopolitique. Il avait aussi la particularité d’avoir été tourné avec des acteurs non professionnels qui ne connaissaient pas le scénario avant de tourner les scènes dans l’ordre chronologique, d’où un naturel et une impression d’assister à un documentaire. Ce procédé, Yaron Shani, le reprend avec ses deux nouveaux longs métrages, Chained et Beloved qui sortent à une semaine d’intervalle et forment un diptyque. 

Ce sont deux films qui se répondent et qui offrent deux très beaux portraits de personnes engagées dans des métiers difficiles et deux visions du monde. On retrouve toute la complexité qui faisait la richesse d’Ajami. L’émotion n’est jamais forcée mais naît naturellement de la vérité des personnages, de la sincérité et du courage du propos. Le tournage s’est étalé sur une année entière et Eran Naim (Qu’on avait déjà vu dans Ajami) et Stav Almagor interprètent des scènes, des situations qui font écho à leur vécu. D’où  une intensité de jeu remarquable et, là encore, la sensation de ne pas voir une fiction. 

Chained se concentre sur le personnage de Rashi, qu’on suit dans son métier, mais aussi dans sa vie de couple et de famille parfois compliquée (ses rapports avec sa belle-fille s’avèrent conflictuels). Sa vie et ses valeurs vont être ébranlés et comme dans la vie, son marasme intérieur va le rendre parfois touchant, parfois odieux. On passe d’un sentiment à l’autre vis-à-vis de ce personnage intransigeant, intraitable, mais finalement colosse aux pieds d’argile.

A l’exception d’une chanson populaire sentimentale qui passe à la radio, Chained ne comporte aucun accompagnement musical. Ce parti pris ajoute de la force et une impression de vérité. Vérité des enjeux, des décors et des sentiments. Cette exigence et cette recherche, sans complaisance, sans artifices, Yaron Shani les développe donc dans ce film et il y fort à parier que la vision de Beloved dans quelques jours (le 15 juillet) viendra enrichir notre vision de Chained d’un éclairage peut-être différent.

Bande-annonce

8 juillet 2020 – De Yaron Shani, avec Eran NaimStav AlmagorStav Patai




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